Visite médicale au travail : les obligations de l'employeur
Le salarié doit bénéficier d'un suivi médical en entreprise. Toutes les visites médicales obligatoires exigées par la loi et le Code du travail.
Quelles sont les visites médicales obligatoires au travail ?
La loi impose plusieurs obligations à l'employeur en matière de suivi médical de ses salariés. Les visites médicales obligatoires au travail sont les suivantes :
- la visite d'information et de prévention (VIP) ;
- celles liées au suivi individuel renforcé de certains salariés ;
- la visite médicale de reprise après certains arrêts de travail ;
- la visite médicale de mi-carrière pour les salariés qui atteignent 45 ans.
Le principe de la visite médicale d'embauche systématique ayant été supprimé par la loi El Khomri, les salariés dont les postes ne présentent pas de risque particulier ne passent plus qu'une visite d'information et de prévention après leur embauche. Seuls les salariés travaillant sur des postes à risques bénéficient d'un suivi médical renforcé.
Ces obligations s'imposent à tous les employeurs, y compris aux particuliers employeurs. Le particulier qui emploie un salarié à domicile doit donc s'affilier à un service de santé au travail interentreprises. Pour obtenir ses coordonnées, il doit s'adresser à l'unité départementale de la Direccte.
Qu'est-ce que la visite d'information et de prévention (VIP) ?
L'ancienne visite médicale d'embauche a été remplacée par la visite d'information et de prévention. Il s'agit dorénavant d'un entretien au cours duquel le salarié est interrogé sur son état de santé et est informé sur les risques liés à son activité ainsi que sur les moyens de prévention à mettre en oeuvre. La visite d'information et de prévention est encadrée par la réglementation et les articles R. 4624-10 et suivants du Code du travail.
Selon les cas, la visite peut être réalisée par un médecin, un interne en médecine ou un infirmier. Elle doit avoir lieu dans les 3 mois qui suivent le début du travail. Toutefois, les salariés mineurs et les travailleurs de nuit doivent impérativement la passer avant leur affectation. A l'issue de l'entretien, le professionnel de santé établit le dossier médical du salarié qui sera complété après chaque examen ultérieur.
Le salarié devait autrefois passer une visite médicale périodique tous les deux ans. Il doit désormais passer une autre visite d'information et de prévention dans le délai maximal de 5 ans après sa première visite, le médecin du travail pouvant fixer un délai plus court. Ce délai limite est toutefois réduit à 3 ans pour les travailleurs handicapés, les travailleurs de nuit et les titulaires d'une pension d'invalidité.
Qui a droit à un suivi médical renforcé ?
En application de l'article R. 4624-22 du Code du travail, certains salariés bénéficient d'une surveillance médicale renforcée, appelée « suivi individuel renforcé ». Il s'agit de ceux exposés à certains risques tels que le plomb ou l'amiante, les agents cancérigènes, la chute de hauteur suite à des opérations de montage ou de démontage d'échafaudages, etc.
Ces salariés bénéficient d'une visite par le médecin du travail avant l'embauche. En raison des risques auxquels le salarié s'expose, l'entretien est plus poussé que pour la simple « VIP ». Le médecin devra notamment s'assurer que l'état de santé du salarié ne constitue pas un danger pour ses collègues. A la fin de l'examen, il remet un avis d'aptitude ou d'inaptitude qui est alors remis au salarié et à son employeur.
La visite doit être renouvelée dans un délai fixé par le médecin du travail et qui ne peut dans tous les cas pas être inférieur à 4 ans. Une visite intermédiaire doit entre-temps être réalisée par un professionnel de santé (comme un infirmier par exemple) dans les 2 ans qui suivent la première visite.
Qu'est-ce que la visite de reprise ?
Sous certaines conditions, le Code du travail (article R. 4624-21) impose à l'employeur d'organiser une visite médicale de reprise de travail après un arrêt. Cette visite médicale de reprise est obligatoire dans les cas suivants :
- le salarié est victime d'un accident ou d'une maladie d'origine non-professionnelle ayant entraîné un arrêt de travail de plus de 60 jours ;
- le salarié a subi un accident du travail ayant entraîné un arrêt de travail d'au moins 30 jours ;
- le salarié reprend le travail après une maladie professionnelle, quelle que soit la durée de son arrêt ;
- la salariée revient d'un congé maternité.
L'examen doit avoir lieu lors de la reprise du travail et au plus tard dans un délai de 8 jours. Par ailleurs, le médecin du travail peut organiser une visite médicale en cas d'interruption de travail de plus de 30 jours pour cause de maladie ou d'accident non professionnel. Cette visite de pré-reprise est mise en place en vue de favoriser le maintien dans l'emploi des salariés concernés. Elle a lieu à la demande du salarié, de son médecin traitant ou du médecin conseil de la Sécurité sociale.
Qu'est-ce que la visite de mi-carrière ?
La visite médicale de mi-carrière est une obligation instaurée par la loi 2021-1018 du 2 août 2021. Elle a lieu lorsque le salarié atteint l'âge de 45 ans. Cette visite vise à détecter le risque de désinsertion professionnelle.
Quelles sanctions pour l'employeur en cas d'oubli de visite médicale ?
L'absence de visite médicale n'est pas sans risque pour l'employeur. Le non-respect de ses obligations est passible de sanctions pénales prenant la forme d'une amende (article R. 4745-1 du Code du travail) voire même d'une peine de prison en cas de récidive (article L. 4745-1 du même code).
Quel recours du salarié en l'absence de visite médicale ?
Un salarié peut aussi agir en justice contre son employeur en cas de préjudice subi du fait du manquement de l'employeur à ses obligations en matière de visites médicales. Mais pour être indemnisé, le salarié devra prouver l'existence de son préjudice devant les prud'hommes, ce dernier ne pouvant être déduit de la seule absence de visite médicale (arrêt n° 17-15438 rendu par la chambre sociale de la Cour de Cassation le 27 juin 2018).
Où se déroule la visite médicale du travail ?
L'examen médical a lieu soit dans le service inter-entreprises dont l'employeur est adhérent, soit dans le service de santé au travail de l'entreprise. Le passage des visites médicales doit obligatoirement avoir lieu dans l'établissement lorsque l'entreprise comporte au moins 500 salariés (ou 200 si l'établissement est de nature industrielle). Depuis le 31 mars 2022, il est également possible de passer une visite médicale à distance. Cette possibilité nécessite l'accord du salarié. Le dispositif utilisé doit en outre respecter la confidentialité des échanges.
La visite médicale est-elle du temps de travail ?
Le temps passé au cours de la visite médicale ne doit pas conduire à une baisse de la rémunération du salarié. Le Code du travail prévoit ainsi que cette période doit être prise soit :
- sur les heures de travail, et dans ce cas elle ne peut donner lieu à aucune retenue de salaire ;
- en dehors des heures de travail, et dans ce cas elle doit être rémunérée comme du temps de travail effectif.
Qui paye les frais de transport pour une visite médicale ?
Il incombe à l'employeur de prendre en charge le temps et les frais de transport nécessités par les visites médicales de ses salariés. Si le médecin décide d'effectuer des examens complémentaires, le temps et les frais de transport sont également pris en charge par l'entreprise.
Qu'est-ce que la fiche médicale d'aptitude ?
A l'issue de la visite médicale, le médecin établit une fiche médicale d'aptitude en double exemplaire. L'un est destiné au salarié, l'autre à l'employeur afin qu'il puisse présenter ce document à l'inspecteur du travail et au médecin inspecteur du travail si ceux-ci en font la demande. Le contenu de la fiche d'aptitude est purement administratif, contrairement au dossier médical.
La fiche d'aptitude ne doit pas être confondue avec le dossier médical du salarié établi par le médecin du travail à l'issue de la visite médicale d'embauche. Ce document est soumis au secret médical. L'employeur ne peut en aucun cas le consulter.
Que se passe-t-il en cas d'inaptitude après une visite médicale ?
Si, à l'issue de l'examen, le médecin constate l'inaptitude du salarié, la procédure d'inaptitude au travail doit alors être suivie. Lorsque cette inaptitude est susceptible d'être en lien avec un accident de travail ou une maladie d'origine professionnelle, le médecin remet au salarié un formulaire de demande à adresser à sa caisse primaire d'assurance maladie afin de bénéficier de l'indemnité temporaire d'inaptitude.
Suite à l'entretien, le médecin peut également proposer des mesures individuelles à l'employeur telles qu'une mutation ou une transformation du poste occupé par un salarié. Ces mesures doivent être justifiées par des considérations relatives notamment à l'âge, à la résistance physique ou à l'état de santé physique et mentale des travailleurs. Les propositions du médecin doivent être prises en considération par l'employeur. Si ce dernier les refuse, il doit faire connaitre les motifs de sa décision.
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