Violences conjugales, comment en sortir ?
Je viens de quitter mon partenaire suite à des violences conjugales. Aidée par des associations je suis partie avec mon fils de 2 ans et demi. Je suis pour l'instant dans ma famille avec notre enfant. J'ai mis 500 kms entre mon ex-partenaire et nous. J'ai dû quitter Paris, mes réseaux professionnels, mes amis... Je me retrouve au RSA. Bien sûr, mon ex-partenaire s'est empressé de prendre une avocate pour vite saisir le JAF de Paris. J'ai fait ma requête en province, de mon côté, mais hélas après lui car j'ai dû attendre l'acte intégral de naissance de notre fils qui a mis un temps fou à m'arriver à cause des fêtes de Noël !!!
C'est vraiment difficile de vivre une telle épreuve. A tous les niveaux, je rencontre de la souffrance car, me semble t-il, le système dans lequel nous vivons est vraiment conçu pour l'impunité masculine, j'ai du mal à l'admettre mais c'est la réalité que je suis en train de vivre.
Si j'ai un conseil à donner aux femmes victimes de violences conjugales, c'est de "calculer" leur départ.
Je constate que les juges aux affaires familiales ne sont pas sensibilisées à ces situations. La juge a tranché l'incompétence territoriale pour ma requête au TGI de province. Ce qui veut dire qu'indirectement, j'ai eu tort de quitter le domicile conjugal !!!!
Je suis désespérée.
Mon ex-partenaire est un homme cultivé, médecin endocrinologue, formé en thérapies comportementales pour les troubles du comportement alimentaire, aujourd'hui en train de se former en hypnose...médiatisé...et sa psychologue est médiatisé aussi et elle a été la première à dénoncer le harcèlement moral.
Il jouait au père parfait dans le bureau de la juge, le père victime. J'ai été cataloguée de femme castratrice pour notre petit garçon pour simplifier sa pensée. Bref, il paie une avocate hargneuse pour un tissu de mensonges que les juges, simples humains, prennent pour des vérités. J'ai cru perdre pied, j'ai cru que mon coeur allait lâcher.
C'est un homme extrêmement violent verbalement, qui s'amusait à me terroriser en me disant qu'il allait me découper en morceaux, qu'il était Guy Georges, que je n'étais rien. Il prend des crises de démence, casse les objets autour de moi, écrase mes objets, tente de s'immoler pour me faire peur, sort un couteau, casse un aquarium, hurle, me traite de parasite, que je suis une bonne à rien, que je suis bonne qu'à toucher les allocs etc.
Dans son appartement, car il n'a jamais voulu que j'emménage, je n'avais pas le droit de toucher aux objets, pas le droit de décorer, pas le droit de déplacer un meuble, un carton, planter un clou....
Autrement, c'était la crise de colère...des crises de colère car j'avais jeté un caillou qu'il avait ramassé sur la plage. Des crises noires. Le caillou rouillait. C'est pour cette raison que je l'avais jeté. Mais il devenait fou de rage pour des riens, comme un fou !
Puis dans la foulée, j'étais la femme la plus belle du monde, la plus merveilleuse. J'e suis désespérée de n'avoir pas réagi plus tôt, pourquoi ? Mais le cerveau ne fonctionne plus normalement. On ne se souvient plus vraiment de ce qu'on a vécu. J'ai des trous noirs. Et la peur est de plus en plus croissante qu'on n'ose plus analyser ce qui se passe. ON tombe dans un tourbillon, on tourne, on tourne...et plus on tourne, plus on cherche des solutions à l'extérieur et plus on s'épuise, plus on culpabilise. On ne se rend pas compte qu'on est avec des hommes dépourvus de culpabilité. Tel est le problème.
Puis il y a les bousculades, même enceinte, les coups de poing. Avec l'arrivée de notre bébé, le gouffre s'est ouvert sous mes pieds. Il m'envoie une serpillière dessus devant notre enfant, me traite de parasite...
et puis il y a eu l'accident de notre enfant sous la garde de son père ; le fémur cassé en spirale. Là, j'ai décidé de partir. je trouvais des bouteilles d'alcool cachées.
La PMI, l'assistante sociale, la pédiatre étaient informées. L'AS allait faire une lettre au procureur. Je sentais qu'on allait nous retirer notre enfant.
Je suis partie, j'ai porté plainte ; j'avais déjà fait 4 mains courantes.
Quand je suis partie, j'avais l'impression que le système allait me soutenir et protéger notre fils. Au final, ce n'est pas si simple que ça. L'AS, la PMI, la pédiatre ne livrent aucune informations et semblent "se protéger" maintenant.
Bref, si je restais, on allait enlever notre fils ; maintenant que je suis partie, tout le monde se rétracte. On me demande si je suis suivie, si ma vie redémarre. Evidemment que je vais aux groupes de paroles et que je vois une psy formée en victimologie.
Le problème est que j'ai terriblement peur pour notre enfant à cause des comportements défaillants de son père. MOn ex-partenaire demande des droits de visite et d'hébergement gourmands comme un mois l'été...alors qu'il ne s'est jamais occupé de son fils et qu'il boit surtout. Comment puis-je être sereine ? Je suis tirée d'affaire mais mon petit garçon ne l'est pas lui. Je ne souhaite pas le priver de son père mais j'ai peur pour lui après tout ce que j'ai pu voir.
Je trouve vraiment que le système est très confortable pour les hommes. J'ai compris que le système était conçu pour que les femmes portent constamment la culpabilité sur leurs épaules. Si nous restons, on nous retire nos enfants, si nous partons, nous sommes fautives aux yeux du TGI.. Une fois parties, nous devons de nouveau être équilibrées, avoir un bon travail, surtout trouver un mode de garde pour nos enfants autrement on est cataloguées de mères possessives. Bref, nous devons toujours rester dans la médiation, l'écoute etc. Aux hommes l'excès, l'impunité ; ils seront toujours maternés par un système qui les défend.
Au final, je constate que je me sacrifie car le système me le demande. Je me dis en conclusion qu'il est temps que je cultive en moi l'égoïsme...et que les autres femmes doivent en faire autant pour que le système bouge enfin. Je crois que je vais enfin être égoïste dans mon art et dans le pouvoir qu'on ne nous accorde pas vraiment suite à ce que je vis.
Je suis tellement déçue. J'ai l'impression que mon ex-partenaire m'a tuée dans ma symbolique de femme et que le système continue à le faire dans ma symbolique de mère.
Quelle femme vais-je devenir ?