Conjoint survivant et succession : réserve, logement, usufruit
Voici les droits du conjoint survivant dans une succession entre époux. Notamment les droits sur le logement familial, la réserve héréditaire et l'usufruit, tels qu'ils sont fixés par le Code civil.
Quelle est la part d'héritage du conjoint survivant ?
En présence d'enfants
Si le défunt a des enfants, le conjoint survivant reçoit à son choix
- soit la totalité du patrimoine du défunt en usufruit,
- soit le quart des biens en toute propriété.
L'option du conjoint survivant doit être exercée dans les trois mois qui suivent le décès, faute de quoi, il est supposé avoir opté pour l'usufruit. Quand un ou plusieurs enfants ne sont pas issus du mariage avec le conjoint survivant, celui-ci n'a pas le choix : il reçoit alors le quart des biens en toute propriété.
Le choix entre l'usufruit ou la pleine propriété du quart des biens du défunt dépend à la fois de la nature de la succession et des revenus perçus par le conjoint survivant. Si ses ressources ne sont pas très importantes, l'usufruit peut permettre au conjoint survivant de toucher des revenus supplémentaires dès lors que le patrimoine du défunt était composé d'investissements locatifs.
En l'absence d'enfants
Si le défunt n'a pas d'enfant, et si le père et la mère du défunt sont encore en vie, le conjoint survivant recueillera la moitié des biens en pleine propriété, l'autre moitié étant partagée à parts égales entre le père et la mère.
Si un seul des parents du défunt est encore en vie, le conjoint survivant recevra les trois quarts du patrimoine, le quart restant étant attribué au père ou à la mère encore en vie. Quand le défunt ne laisse pas d'enfants et que son père et sa mère sont déjà décédés, la totalité du patrimoine va au conjoint survivant. A l'exception toutefois des biens mobiliers et immobiliers que le défunt avait reçus de ses parents par donation ou succession. Si ces biens figurent encore dans le patrimoine du défunt, les frères et soeurs de ce dernier (ou leurs descendants) en recueillent la moitié.
Quand les ascendants du défunt autres que les père et mère sont dans le besoin et que le conjoint recueille la totalité ou les trois quarts de la succession, les héritiers doivent leur verser une pension alimentaire, prélevée sur la succession. Ces ascendants doivent faire valoir leurs droits dans le délai d'un an après l'ouverture de la succession.
Peut-on transformer l'usufruit en rente viagère ?
L'usufruit du conjoint survivant peut être transformé en rente viagère à la demande d'un des héritiers nu-propriétaires ou de l'usufruitier lui-même. En cas de désaccord, le litige est soumis à l'appréciation du juge. L'usufruit sur le logement familial et le mobilier ne peut toutefois être transformé en rente viagère contre la volonté du conjoint survivant. Les héritiers et le conjoint survivant peuvent également convertir la rente viagère en un capital versé au conjoint.
Quels sont les droits au logement familial ?
Si, au moment du décès, le conjoint survivant occupe, à titre de résidence principale, un logement appartenant aux époux, ce logement et le mobilier lui est attribué gratuitement pendant une période d'un an. S'agissant d'un avantage matrimonial, cette occupation gratuite n'est pas soumise aux droits de succession. S'il s'agit d'un logement loué, les loyers lui sont remboursés, par prélèvement sur la succession.
Ce droit d'occupation temporaire s'applique également quand le logement familial est possédé en indivision par le défunt et des tiers. Dans ce cas, ces tiers ont droit à une indemnité d'occupation qui est prélevée sur la succession.
Une fois écoulé ce délai d'un an, le conjoint survivant conserve un droit d'usage et d'habitation sur le logement familial et son mobilier. En d'autres termes, il peut continuer à l'occuper jusqu'à son décès. Si le logement n'est plus adapté à ses besoins, il peut alors le donner en location, afin de dégager des ressources nécessaires à de nouvelles conditions d'hébergement. Précision importante : s'il s'agit d'un logement loué, le droit d'usage ne s'applique qu'au mobilier.
Le conjoint doit opter ou non pour ce droit d'usage dans le délai d'un an après le décès. Ce droit d'usage, comme l'usufruit, peut être converti en rente ou capital par accord avec les autres héritiers.
Naturellement, dans la répartition de l'héritage, il est tenu compte de la valeur de ce droit d'usage et d'habitation pour calculer la part du conjoint survivant. Exemple simpliste : ce droit vaut 100 alors que le patrimoine du défunt vaut 1 000 au total. Si le quart du patrimoine est attribué au conjoint, celui-ci ne recevra en fait que 150 (puisqu'il reçoit déjà 100 en droit d'usage et d'habitation). Mais si la valeur du droit dépasse celle de sa part, le conjoint n'a pas à « rembourser » les autres héritiers.
Mais attention : le défunt peut, par testament notarié, priver son conjoint de ce droit d'usage et d'habitation.
Qu'est-ce que la réserve du conjoint survivant ?
On sait que la réserve est la part minimale que doivent recevoir les héritiers dits « réservataires ». Par soustraction, la « quotité disponible » est la part du patrimoine dont le défunt peut transmettre librement à la personne de son choix. Jadis, le conjoint n'était pas héritier réservataire en l'absence de descendants et d'ascendants. Dans cette configuration, le défunt pouvait disposer librement de la totalité de son patrimoine et le transmettre donc à la personne de son choix, et donc « déshériter » son conjoint.
Aujourd'hui, le défunt ne peut disposer que des trois quarts de son patrimoine s'il laisse un conjoint survivant sans descendants. En d'autres termes, en l'absence de descendants, le conjoint est assuré de recevoir au moins le quart du patrimoine du défunt.
Les parents peuvent demander à récupérer les biens qu'ils ont donné à un enfant quand celui-ci décède avant eux sans laisser de descendants. Cette récupération est limitée à un quart de la valeur de la succession pour chaque parent. Cela peut réduire d'autant la part du conjoint survivant.
Peut-on déshériter son conjoint ?
En revanche, si le défunt a des enfants ou des descendants, le conjoint survivant n'est pas un héritier réservataire. Il est donc parfaitement possible de déshériter son conjoint par testament en transmettant la totalité de son patrimoine à ses enfants.
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