2 réponses
Modifié le 20 août 2023 à 20:41
"où existe t il des décisions de justice qui indiquent que cela peut être abusif envers le locataire ?"
Non, c'est explicitement prévu par l'article 1731 du Code Civil, les locaux sont présumés avoir été donnés en bon état et il appartient au locataire de prouver le contraire :
"S'il n'a pas été fait d'état des lieux, le preneur est présumé les avoir reçus en bon état de réparations locatives, et doit les rendre tels, sauf la preuve contraire."
Enfin, si le locataire peut prouver que le bailleur a fait obstacle à la réalisation d'un EDLE, cet article n'est pas applicable, en accord avec le 3ème alinéa de l'article 3-2 de la loi de 1989 :
"A défaut d'état des lieux ou de la remise d'un exemplaire de l'état des lieux à l'une des parties, la présomption établie par l'article 1731 du code civil ne peut être invoquée par celle des parties qui a fait obstacle à l'établissement de l'acte ou à sa remise à l'une des parties."
Bien entendu, c'est celui qui compte invoquer cette disposition qui doit la prouver. En pratique c'est presque impossible à démontrer. Car ne pas avoir fait d’État des Lieux et/ou ne pas disposer d'une copie n'est bien évidemment pas suffisant pour démontrer une volonté de s'y opposer.
A noter que ce même article 3-2 prévoit en ses alinéas 1 et 2 des cas où le coût de l'EDLS peut être partagé entre le locataire et le bailleur même si diligenté à l'initiative du bailleur uniquement :
"Un état des lieux est établi [...] dans les mêmes formes et en autant d'exemplaires que de parties lors de la remise et de la restitution des clés. Il est établi contradictoirement et amiablement par les parties ou par un tiers mandaté par elles et joint au contrat de location.
Si l'état des lieux ne peut être établi dans les conditions prévues au premier alinéa, il est établi par un commissaire de justice, sur l'initiative de la partie la plus diligente, à frais partagés par moitié entre le bailleur et le locataire et à un coût fixé par décret en Conseil d'Etat. Dans ce cas, les parties en sont avisées par le commissaire de justice au moins sept jours à l'avance, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception."
Sachant qu'un huissier de justice ne comparera jamais l'EDLS à l'EDLE et n'a donc pas besoin de l'EDLE pour faire un EDLS.
L'huissier vous rappellera très probablement que son rôle se limite à "constater" l'état des lieux tel qu'il a été en mesure de les observer en indiquant d'éventuelles anomalies dans son rapport.
Mais son rôle n'est pas de dire si l'anomalie est liée à un usage normal des lieux, à la vétusté ou à une dégradation ni à vérifier si elle préexistait ou non à la mise en location.
20 août 2023 à 05:46
bonjour,
"En l’absence d’état des lieux d’entrée, un bailleur peut il organiser un etat des lieux de sortie par huissier en prenant en charge les frais ?"
OUI.
* Si c'est le choix initial et personnel du bailleur (= en dehors de tout obstacle venant du locataire) les émoluments du commissaire de justice (anciennement huissier de justice) seront entièrement aux frais du bailleur.
* Dans le cas contraire (= en cas d'impossibilité d'accord pour trouver une date pour faire un EDLS contradictoire OU si refus de signature), la partie la plus diligente sera en mesure de faire appel à un commissaire de justice : ses émoluments seront alors partagés par moitié entre bailleur et locataire.
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"en cas d’état des lieux d’entrée à l’amiable, l’EDLS doit il se faire sur la même forme ou peut il se faire par huissier ?"
L'EDLS peut être fait par un commissaire de justice même quand l'EDLE a été fait contradictoirement (= en présence du bailleur et du locataire OU de leurs représentants).
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Pourquoi cette question ? Vous avez un souci ?
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cdt.
Bonjour,
Je vous remercie pour votre retour.
Nous avons acheté un appartement loué sans état des lieux d’entrée.
On nous a indiqué un état du logement remis à neuf en 2016 date d’entrée du locataire.
A ce jour, le logement a des dégradations et je veux être certain de faire dans les règles car le locataire est par sa personnalité enclin à porter l’affaire en justice.
Je souhaite donc faire passer un huissier pour la sortie bien qu’il n’y ait pas d’état des lieux d’entrée, afin de prélever à minima les éléments de réparations locatives (figurant sur la liste du décret).
Je me doute que cela sera difficile à arbitrer car son argumentaire pourrait être de dire qu’il s’agit de vétusté naturelle du logement.
Jai pu voir qu’en absence d’EDLE il y a un présomption de bon état de réparations locatives et la charge de la preuve porte sur le locataire, au moins pour les réparations locatives.
En effet le locataire n’est pas soigneux et n’entretien pas le logement correctement et nous avons déjà remplacé des éléments dus à un défaut d’entretien.
Nous n’avons pas la possibilité de financer toutes les réparations et souhaitons au moins conserver le dépôt de garantie pour faire les menues réparations qu’il n’a pas faites en 7 ans.
Egalement, je crains qu’il ne signe pas l’état des lieux de sortie d’où je pense la nécessité de faire passer un huissier.
20 août 2023 à 13:19
Un commissaire de justice peut intervenir pour faire un constat d'EDLS (soit sur demande du bailleur soit sur celle du locataire) : dans votre cas, c'est vous, bailleur, qui décidez d'en mandater un (et, d'après ce que dites, il semble que ce soit une excellente décision !!), et ce, sans qu'il n'y ait eu obstacle de votre locataire pour faire un EDLS "contradictoire", donc, comme dit post 1, les émoluments seront entièrement à votre charge (possiblement déductibles de vos revenus fonciers...).
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Il convoquera - au moins 7 jours avant - les 2 parties : pas d'obligation de présence (sauf qu'il faudra bien lui donner accès au logement... !), et signatures de son constat non sollicitées, la signature d'un officier ministériel étant suffisante pour que ses écrits fassent foi. Son constat sera donc NON contestable.
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Il enverra son constat à la personne mandante (= vous, dans ce cas précis), et votre locataire, qui n'aura donc aucun rapport contractuel avec "votre" commissaire de justice, devra - pour avoir son exemplaire - s'adresser à vous : et sur sa demande, vous devrez alors lui fournir gratuitement un exemplaire.
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Ensuite, vous devrez comparer toutes les "dégradations" mentionnées sur ce constat à du "Bon état" (comme vous l'avez justement dit) et faire les retenues qui s'imposent (donc seulement pour des réparations locatives), sans oublier de déduire du montant des justificatifs desdites retenues un certain % de vétusté : voir ce lien au chapitre II - § 4 : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032320564/2020-10-22/
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Vous disposerez de 2 mois à partir du rendu des clés pour restituer le solde du DG (ou pour réclamer le surplus) accompagné des justificatifs des retenues faites : des devis (acceptés ou non) sont suffisants, puisque « L’indemnisation du bailleur n’est pas subordonnée à l’exécution des réparations locatives. » (jugement en cass. 3ème ch. civ. du 25 janvier 2006 N°04-20.726).
Par contre, si vous remplacez un élément par un autre de meilleure qualité/plus grand/plus ci ou plus ça...., vous ne pourrez retenir que la partie correspondant à l'élément initial (moins la vétusté) parce que « Les réparations doivent être effectuées en principe à l'identique : rien n'oblige le bailleur à améliorer l'équipement à l'occasion de la réparation (Cass. civ. 3e, 13 mai 1992). »
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En complément et à toutes fins utiles, je vous propose de lire un de mes topos, ainsi que les liens donnés :
ATTENTION : correction ici du § II-G
Le texte juste est :
“ En copropriété, le propriétaire est en droit de conserver (en sus des éventuelles retenues dues si l’EDLS est non conforme à l’EDLE) jusqu’à 20 % maximum du montant du DG (…) ”
et PAS : ‘(…) jusqu’à 1 mois de loyer hors charges’.
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cdt.
20 août 2023 à 13:20
Merci à la personne qui m'a mis -1 de me dire en quoi mon post 1 est inutile :-))
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21 août 2023 à 13:25
Un grand merci pour votre réponse, et si l’ EDLS est fait par le bailleur par Commissaire de justice mais que l’amiable est le contradictoire était possible.
Est-ce dans ce cas à frais partagés ou le bailleur prend en charge les frais d’état des lieux puisque c’est base de son « volontariat » ?