Clause de mobilité et refus du salarié
La clause de mobilité oblige le salarié à accepter les mutations géographiques sous peine de sanction. Mais il existe des cas où le salarié peut refuser sa mutation.
Qu'est-ce qu'une clause de mobilité ?
La clause de mobilité est la clause d'un contrat de travail par laquelle un salarié accepte une éventuelle mutation future. Les mutations concernées sont celles qui, en l'absence de clause, constitueraient une modification du contrat de travail et ne pourraient donc pas être imposées par l'employeur sans l'accord du salarié. Si son contrat prévoit une clause de mobilité, le salarié est donc tenu de la respecter en acceptant les mutations géographiques qui lui sont proposées.
En pratique, l'étendue de la clause de mobilité dépend le plus souvent des responsabilités exercées par le salarié. De façon générale, plus elles sont importantes, plus la zone de mobilité sera large.
Que vaut une clause de mobilité dans un contrat de travail ?
Une clause de mobilité peut être inscrite dans le contrat de travail du salarié, sous réserve qu'elle respecte la législation en vigueur et notamment qu'elle précise la zone géographique d'application. Le salarié est alors obligé d'accepter les mutations et changement de lieu de travail prévus par l'employeur. Son refus peut être assimilé à un acte d'insubordination et donner lieu à une sanction de la part de l'employeur.
En revanche, si le contrat de travail prévoit que la mise en oeuvre de la clause de mobilité nécessite l'accord de l'employeur ET du salarié, le changement de lieu de travail s'analyse en une modification du contrat de travail que le salarié est en droit de refuser (arrêt n° 14-26186 rendu par la chambre sociale de la Cour de Cassation le 10 janvier 2017).
Une fois le contrat de travail signé, l'employeur ne peut pas modifier l'étendue de la zone géographique sans obtenir l'accord préalable du salarié.
Peut-on refuser une clause de mobilité valable sur toute la France ?
Il est difficile pour le salarié de refuser un changement de lieu de travail dès lors qu'une clause de mobilité est prévue au sein de son contrat. La jurisprudence récente (arrêt n° 13-11906 de la chambre sociale de la Cour de Cassation du 9 juillet 2014) considère ainsi valable une clause de mobilité insérée dans le contrat de travail qui prévoit que le salarié est tenu d'accepter un changement de lieu de travail dans la limite géographique du territoire français (en l'espèce, les salariés, qui travaillaient en Meurthe-et Moselle, avaient refusé une mutation à Paris). Une clause de mobilité peut donc valablement couvrir toute la France. En revanche, est nulle la clause de mobilité par laquelle le salarié s'engage à accepter toute mutation dans une autre société du même groupe (arrêt n° 14-26577 rendu par la chambre sociale de la Cour de Cassation le 19 mai 2016).
Quelle procédure pour appliquer une clause de mobilité ?
Lorsqu'il envisage sa mutation, l'employeur doit prévenir le salarié suffisamment à l'avance, dans un délai raisonnable. La loi ne fixe pas de durée précise pour ce délai de prévenance. Celui-ci varie en fonction des circonstances. Il peut notamment être prévu au sein du contrat de travail. Un salarié peut dans tous les cas légitimement refuser une mutation lorsque ce délai est trop court (quelques jours).
Quelles sont les conditions de validité d'une clause de mobilité ?
Pour être valable, la décision de l'employeur doit correspondre à un besoin objectif de l'entreprise. En outre, la mutation ne doit pas porte atteinte à la vie personnelle et familiale du salarié. La mise en oeuvre de la clause de mobilité ne doit pas non plus modifier un élément essentiel du contrat de travail, tels que le salaire ou les horaires de travail.
La mutation proposée dans le cadre de la clause de mobilité ne doit pas s'accompagner d'un changement des conditions de travail trop important sans accord du salarié, par exemple le passage d'un horaire de jour à un horaire de nuit. En outre, la décision de l'employeur doit être justifiée et ne pas constituer un abus de droit ou un détournement de pouvoir. Dans cette hypothèse, c'est au salarié de démontrer que la décision de mutation aboutit à un abus de droit, par exemple si elle empêche une mère de famille de s'occuper de ses enfants en bas âge (Cour de cassation, arrêt du 17 septembre 2008, n°07-42.124).
Une mutation peut-elle entraîner une baisse de salaire ?
Le changement de lieu de travail ne peut avoir aucune conséquence sur le montant de la rémunération du salarié. Dans un arrêt en date du 14 octobre 2008 (n°07-41.454) , la Cour de cassation a ainsi jugé que la proposition de mutation pouvait être refusée par le salarié dans la mesure où elle entraînait une diminution de la partie variable de la rémunération. Il en est de même quand la mutation s'accompagne d'un changement important des horaires de travail notamment (arrêt n°07-40.092). Sous certaines conditions, l'employeur peut prendre en charge les frais de déménagement en cas de mutation.
Que risque le salarié refusant une mutation malgré une clause de mobilité ?
Dès lors que les conditions ci-dessus sont réunies, le salarié qui refuserait l'application de sa clause de mobilité s'expose à un licenciement. Lorsqu'elle résulte d'une clause de mobilité, la mutation ne constitue pas une modification du contrat de travail mais un simple changement des conditions de travail. Elle relève donc du pouvoir de direction de l'employeur.
La Cour de Cassation (arrêt n° 14-19711 rendu par la chambre sociale le 31 mars 2016) considère que le refus du salarié de continuer son travail dans un nouveau lieu le rend responsable de l'inexécution de son préavis, puisqu'il refuse d'aller travailler sur son nouveau lieu de travail pendant la durée de celui-ci. Dans cette situation, l'employeur n'a donc pas à lui verser d'indemnité compensatrice de préavis.
Même quand le contrat ne comporte pas de clause de mobilité, un salarié ne peut pas refuser une mutation dans un autre établissement si celui-ci est situé dans la même zone géographique ou le même bassin d'emploi. En effet, il s'agit alors d'une simple modification non pas du contrat mais des conditions de travail, le refus du salarié pouvant entraîner son licenciement pour cause réelle et sérieuse.
Mais cette notion de zone géographique est souvent difficile à cerner. Un arrêt de la cour d'appel de Versailles a apporté une précision intéressante. Les juges ont considéré que deux villes situées à 1 heure 20 de temps de trajet par les transports en commun (avec trois changements de lignes) n'étaient pas situées dans le même secteur géographique (arrêt du 10 mai 2007 N°06/2483).
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