Évaluation d'une avance sur part successorale

DAHUD22 Messages postés 4 Date d'inscription mardi 2 décembre 2014 Statut Membre Dernière intervention 4 décembre 2014 - 2 déc. 2014 à 22:23
 dahud22 - 7 janv. 2015 à 23:53
Bonjour,
Nous sommes 4 héritiers à parts égales dans la succession de ma mère décédée en 2014.
1 des 4 a eu en 1976, une donation en avance sur part successorale, qui a été réintégrée à la succession, pour calcul de sa valeur à la date du décès de ma mère.
Jusque là, pas de problème. Cette avance est constituée d'un terrain qui en 1976 à été déclassé de son attribution agricole, pour devenir constructible. Mon frère y a construit, non seulement son habitation principale, mais également son entreprise.
La valeur d'origine, et mentionnée sur l'acte d'avance en 76, était de 7500 frs. Le notaire l'a réintégrée à la succession, pour 28 000 euros. La quotité disponible étant de 31 000 euros, l'indemnité de réduction est nulle.
Ce que je conteste. Je lui demande de me justifier son calcul des 28 000 euros de terrain, sachant que cette parcelle fait 2238 m2, et que le terrain sur la commune se vend de 23 euros/m2 dans le lotissement communal, et jusqu'à 42 euros pour d'autres terrains avoisinants. Nous sommes plus près des 50 000 euros que des 28 000, et donc d'une indemnité de réduction positive d'environ 20 000 !
Il (le notaire) me répond que ce terrain(bien que construit sur sa totalité), n'est plus constructible, aujourd'hui car le PLU communal a changé.
Il est bien évident que les 3 autres héritiers sont lésés, et que ce n'est pas ce qu'auraient voulus mes parents.
Quels sont mes droits et quels sont mes recours?
Le notaire a t'il l'obligation de justifier son mode de calcul des 28 000 euros ? (soit 12 euros/m2)
Si je ne signe pas l'acte de partage final, ce terrain, a qui appartient t'il ?
est-ce que j'en possède encore 25% ?
Si je reste propriétaire de 25% du terrain, Mon frère, qui a bénéficié de tous ses avantages, peut t'il revendre sa maison et son entreprise ?
Merci de m'éclairer.
Michel

1 réponse

lucini Messages postés 5135 Date d'inscription samedi 27 novembre 2010 Statut Membre Dernière intervention 16 février 2023 2 931
Modifié par lucini le 3/12/2014 à 11:04
Bonjour,

Le notaire a t'il l'obligation de justifier son mode de calcul des 28 000 euros ? (soit 12 euros/m2)


Oui le notaire doit justifier sa méthode d'évaluation du terrain transmis par donation à votre frère.

Si je ne signe pas l'acte de partage final, ce terrain, a qui appartient t'il ?
est-ce que j'en possède encore 25% ?


Ce terrain est rapporté fictivement à la succession pour le calcul des droits de chacun. Le rapport n'entraîne pas une dépossession du bien donné, puisque ce n'est pas le bien lui-même qui est remis dans l'actif de succession, mais sa valeur.

Le bénéficiaire de la donation conserve le bien donné, il est et restera la propriété à 100% de votre frère.

Si vous n'êtes pas d'accord sur la valorisation du terrain au moment du partage rien ne vous oblige de signer l'acte de partage.

Pour connaitre sa valeur vénale à rapporter vous pouvez demander une expertise de ce terrain seul déduction faite des constructions financés par votre frère après la donation.

La valorisation de type de terrain est complexe.

D'après l'article 860 du Code civil, le montant du rapport est dû à la valeur du bien donné au moment du partage, selon l'état de ce même au moment de la donation.

L'article 860 s'il est relativement précis sur les modalités de l'évaluation, n'en demeure pas moins elliptique quant à son domaine d'application et erroné quant à certains de ces termes.

A priori le terrain devrait être évalué selon ses caractéristiques et ses possibilités d'y construire au jour de l'acte de donation c'est à dire la valeur actuelle de ce terrain nu sans tenir compte des travaux réalisés par le donataire.

En toute hypothèse, en cas de litige sur le partage, en absence de règles claires, seuls les juges peuvent décider s'il faut évaluer le terrain donné en tant que terrain constructible ou inconstructible.

peut t'il revendre sa maison et son entreprise ?


Oui quand il veut, sans aucune autorisation des autres héritiers et sans contrainte à l'égard de la succession.

Cordialement
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DAHUD22 Messages postés 4 Date d'inscription mardi 2 décembre 2014 Statut Membre Dernière intervention 4 décembre 2014
3 déc. 2014 à 17:39
Merci beaucoup Monsieur de ces précisions.
Vous avez parfaitement répondu à mes questions, et j'y vois plus clair dans ce dossier.
Il me reste peut-être une question, quand vous dites :

..:A priori le terrain devrait être évalué selon ses caractéristiques et ses possibilités d'y construire au jour de l'acte de donation c'est à dire la valeur actuelle de ce terrain nu sans tenir compte des travaux réalisés par le donataire. ..."

Prenons l'exemple ou je peux prouver que mon frère avait déjà l'autorisation de construire (permis communal) AVANT de passer chez le notaire pour enregistrer l'acte de don par avance en 1976, et que par conséquent, le jour de l'acte, ma mère ne lui transmettait plus une terre agricole, mais bien un terrain constructible. Serait-ce suffisant pour contester la valeur que le notaire lui donne aujourd'hui?
Merci encore.

Cordialement.
Michel.
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lucini Messages postés 5135 Date d'inscription samedi 27 novembre 2010 Statut Membre Dernière intervention 16 février 2023 2 931 > DAHUD22 Messages postés 4 Date d'inscription mardi 2 décembre 2014 Statut Membre Dernière intervention 4 décembre 2014
4 déc. 2014 à 10:07
Bonjour,

"je peux prouver que mon frère avait déjà l'autorisation de construire (permis communal) AVANT de passer chez le notaire pour enregistrer l'acte de don par avance en 1976, et que par conséquent, le jour de l'acte, ma mère ne lui transmettait plus une terre agricole, mais bien un terrain constructible Serait-ce suffisant pour contester la valeur que le notaire lui donne aujourd'hui ?

Oui c'est l'un des arguments à faire valoir.
Il est surprenant que la valorisation du notaire est à mi chemin, pas celle d'un terrain agricole, pas celle d'un terrain à construire. (voir l'incidence de la viabilisation du terrain).
Il convient de prendre la valeur d'un terrain constructible comparable et le plus proche possible.

Selon les dispositions des articles 860 et 922 du Code Civil la valeur du terrain au jour du décès sera prise en compte pour assurer l'égalité de traitement entre vous et vos frères et soeurs.Cette loi vise avant tout à ne tenir compte au donataire que du bien tel qu'il lui a été donné, ou plus exactement tel qu'il l'a enrichi.

Il ne faut pas confondre le mot valeur et le mot état, qui sont deux choses différentes.

Dans l'article 860, la valeur veut dire la valeur vénale actuelle du bien, tandis que l'état, comme son nom l'indique, est l'état du bien à l'époque de la donation sans tenir compte de sa valeur autrefois.

Grace à la donation de ce terrain sur lequel votre frère a construit une maison et des dépendances.
il a bénéficié d'un avantage significatif qui a enrichi son patrimoine. A la date de la succession, s'il vend sa maison il vendra celle ci le même prix que si elle était bâti sur un terrain constructible.
La plus value objective sur le terrain transmis par donation est étrangère à l'industrie du donataire.

C'est un deuxième argument qui s'ajoute au votre. Sans la pris en compte de cet avantage il n'y aura pas d'égalité dans la partage de la succession.

Le terrain devrait être évalué selon ses caractéristiques et ses possibilités d'y construire ou non au jour de l'acte de donation. La constructibilité n'est pas un état, ce n'est pas une caractéristique physique du bien. L'état, c'est une description, un état des lieux du bien.

Dans votre cas il existe néanmoins un bémol.

"Le terrain (bien que construit sur sa totalité), n'est plus constructible, aujourd'hui car le PLU communal a changé" .

Dans votre cas si le terrain a perdu de la valeur car il est passé en zone non constructible alors la succession devrait supporter cette moins-value.

Si le terrain n'avait pas fait l'objet d'une donation ce terrain serait évalué à sa valeur actuelle selon ses caractéristiques actuelles.


Essayer de trouver un accord amiable entre vous pour respecter l'égalité les héritiers.

Cordialement
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DAHUD22 Messages postés 4 Date d'inscription mardi 2 décembre 2014 Statut Membre Dernière intervention 4 décembre 2014
4 déc. 2014 à 16:11
Cher Monsieur,
Vous venez de résumer parfaitement mes interrogations. Je vous remercie pour toutes vos interventions et vos précieuses informations.
Je vais aujourd'hui rédiger une lettre à mon notaire, résumant tous ces points et demander une révision du prix, en tenant compte des "bémols" que vous soulevez, et du fait "familial" de cette transaction.
Je crois qu'il est possible de trouver une entente, qui ne lésera personne.
Merci encore.
Je vous souhaite d'agréables fêtes de fin d'année.
Cordialement.
Michel.
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DAHUD22 Messages postés 4 Date d'inscription mardi 2 décembre 2014 Statut Membre Dernière intervention 4 décembre 2014
4 déc. 2014 à 21:01
Juste un dernier point, car en fait là est tout le débat entre mon notaire et moi.
Quand il "choisit" (décide) d'un prix de 12 euros versus 30/35 euros (ce qui se fait dans la commune), sans m'en informer et sans en débattre avec les héritiers, est-ce normal ?
Le fait qu'il ne veuille pas en débattre est-il une pratique courante dans le métier de notaire ? Car en fait je suis son client, et à ce titre j'ai le droit d'être consulté..non ?
Si nous n'arrivions pas à en débattre, pourrais-je déposer une plainte auprès de l'ordre des Notaires ?
Merci de ces précisions.
Bien à vous.
Michel
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lucini Messages postés 5135 Date d'inscription samedi 27 novembre 2010 Statut Membre Dernière intervention 16 février 2023 2 931 > DAHUD22 Messages postés 4 Date d'inscription mardi 2 décembre 2014 Statut Membre Dernière intervention 4 décembre 2014
Modifié par lucini le 5/12/2014 à 09:26
"Si nous n'arrivions pas à en débattre, pourrais-je déposer une plainte auprès de l'ordre des Notaires ? "

Sur ce type de litige Il y a peu de chance que l'ordre des notaire déjuge leur confrère.
cette piste est vouée à l'échec.

Avant de contester la valeur 28 000 € pour 2 238 m2 déterminée par le notaire, la première étape est de lui demander de justifier précisément sa méthode de valorisation de ce terrain. (Simple demande de justification.)

Il faut connaitre en particulier le coefficient d'abattement appliqué par le notaire sur ce terrain désormais " non constructible".

Il serait souhaitable que ce courrier sur cette question uniquement soit signé par les 3 héritiers non concernés par la donation de ce terrain.

Il sera plus facile ensuite d'identifier son erreur d'application de l'article 860 du code civil et de proposer une autre valeur plus pertinente respectant l'égalité entre les héritiers.

C'est avant tout aux héritiers de se mettre d'accord sur les valeurs de chaque actif de la succession.

En matière de droits de succession, la valeur à déclarer pour chaque bien immobilier doit correspondre à sa valeur vénale réelle. Selon la jurisprudence, la valeur vénale peut être définie comme le prix qui pourrait être obtenu par le jeu de l'offre et de demande dans un marché réel compte tenu de l'état de l'immeuble.

Dans le cadre d'une succession, l'administration fiscale peut être amenée à contester la valeur du bien déclarée par les héritiers en retenant une méthode d'évaluation différente.Elle retient prioritairement la méthode de comparaison directe qui consiste à procéder par comparaison, à partir des prix pratiqués pour des biens de même nature et de même état, situés dans le même secteur.

Les héritiers qui signent un acte de partage ont leurs mots à dire et leur signature les engage..

Privilégier la discussion entre vous 4 pour trouver un accord sur la valeur du terrain
l'écart entre 28 000 €€ et 50 000 € € est négociable texte à l'appui.

Rien ne vous oblige de valider la première version du notaire en l'état.

Vous pouvez aussi demander la communication de son projet d'acte de partage avant la signature.

Cordialement
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