J'ai déjà posté mon message dans le forum Vie à deux. Mais puisque je suis nouveau ici et je ne sais pas comment exactement ça marche je préfère le montrer également comme réponse dans ce thème car il me concerne directement - il s'agit d'un article presse écrit par moi et déjà publié en Bulgarie (mon pays d'origine) qui décrit la séparation de ma famille de nos enfants.
La protection de l’enfance et ses avatars français
Les médias bulgares ont récemment célébré deux ans de la libération du personnel médical bulgare des geôles libyennes grâce à la médiation française. Aussi récemment, mais cette fois en France, dans l’affaire d’Outreau les membres du Conseil supérieure de la magistrature ont décidé d’infliger simplement une "réprimande avec inscription au dossier" à leur confrère le juge Burgaud qui pourtant, sans justification valable, a fait écrouer en détention provisoire dix-huit personnes (accusées d'abus sexuel sur mineur) qui y sont restées entre un et trois ans.
Le point commun dans les deux cas c’est que les plus hautes autorités françaises apparaissent comme plus influentes sur les litiges que la procédure judiciaire habituelle. Or, l’acte du fonctionnaire prime en soi sur sa motivation en droit. Pour des raisons historiques - la nécessité d'imposer une identité nationale commune, les fonctionnaires en France dès l'époque de l'absolutisme sont omniprésents et omnipotents. Et les choses ne changent pas pour mieux après la Révolution française. L’élite de la nation est supprimée et le porteur du fameux «L'Etat c'est moi" devient l’administration - la strate sociale, qui fournit à la fois protection et autorité de ceux qui appartiennent à cette catégorie.
Encore aujourd'hui, la carrière dans la fonction publique est classée parmi les préférés des français moyens, étant donné qu’elle est plus rentable et plus sûr que celle du secteur privé. Une fois passé le concours de fonctionnaire, l’heureux élu endosse avec la charge publique et l’infaillibilité présupposée de ses actes qui va l’accompagner jusqu’à sa retraite. Avec une telle nette préférence envers ce statut, la règlementation de la société entrepris par la bureaucratie d'État a la tendance d’accroitre car l’administration se soutient d’elle même. Pour la petite histoire - la mairie centrale de la ville de Paris compte deux fois plus d'employés que ceux dans toutes les institutions de l'Union européenne réunies.
C'est pourquoi on arrive au paradoxe, une fois la décision prise par l’instance officielle, celui qui la conteste d’être dans la difficulté voir dans l’impossibilité de la changer, même si ses prémisses sont erronées. – L’héritage du passé monarchique de la France veut que la préservation de l’autorité de l’Etat soit plus importante que le raisonnement particulier.
Par exemple, il existe en France une législation pour protéger les mineurs, qui prévoit que les enfants peuvent être retirés à leurs parents, même s'ils sont des étrangers. Et cela peut se produire par le biais d’une procédure accélérée, sans aucune décision initiale de la justice à la seule discrétion des services sociaux. Dans ces cas ils répondent exclusivement aux signalements qui ne sont rien d’autre que des dénonciations (l’acte encouragé par l’Etat – cf. l’abattement fiscal) voir des délations. La décision judiciaire ne vient qu’après dans l’unique but d’approuver l’action des services. Or, l’application à l’outrance de cette loi, en dépit de la souffrance humaine, est le principal moyen d'assurer la subsistance de centaines de milliers d'employés, comme c'est le cas de l'industrie, dans laquelle s’est transformée la séparation des enfants de leurs parents. Selon les données officielles un enfant sur deux s’avère ensuite indûment retiré de ses parents.
Tel est le cas de la famille bulgare, où ses quatre enfants ont été retirés par les services français et placés séparément dans des familles d'accueil. Les enfants de 13, 7, 5 et 2,5 ans, qui n'ont jamais été en mauvaise condition sociale – logement décent et travail en CDI pour le père, les enfants qui n'ont jamais été maltraités ou mal soignés et qui ont été parmi les premiers à leurs classes. Mais celle (d’origine française) qui a dénoncé la famille n’avait pas d’occupation rémunérée, et elle a été fortement motivée par le fait qu’elle puisse recevoir l’allocation de tiers accordées par l'Etat si elle devait être désignée comme assistante (chose faite) pour l’un des enfants.
Et pour revenir sur la décision judiciaire qui sanction les familles. - Il faut admettre, qu’au-delà de préjugés évidents envers les couples placés dans une telle situation, le but du verdict est surtout de justifier les mesures déjà prises (ou les conclusions déjà faites), car il est entré en jeux le postulat d’infaillibilité présupposées des services d’Etat.
Par conséquent, le juge, pour concilier la contradiction apparente entre les faits réels et leurs interprétations par les services, a souvent recours aux expertises psychiatriques dont le principal objectif est de passer les parents pour des aliénés. Le mécanisme est très simple. A l’expert psychiatre sont présentés des rapports non-débattus ou confirmés mais supposés comme crédibles car fournis par le juge. A partir de là, l’«expert», qui n’a pas à l'esprit de mettre en doute l'autorité du magistrat, « constate » que les parents, s’ils refusent les faits "évidentes" soulevés par les rapports, sont des paranoïaques et du coup "rigides", car ils n'acceptent pas l'ingérence des services dans leur vie privée. - Selon la thèse officielle, les services ne veulent que du bien de la famille. Alors, le juge, une fois reçu les « expertises » en retour, il ne lui reste que d’affirmer que «leurs résultats ont confirmé les observations faites.».
Dans le procès en question, le juge n’était même pas gêné de la présence dans le dossier des contre-expertises bulgares qui prouvaient que les parents sont des parents normaux et aimants. Tout simplement, dans sa motivation, il les a passées sous silence. Comment dans ce cas ne pas se souvenir du professeur français Luc Montagnier, dans l’affaire des infirmières bulgares, et ses expertises rejetées par la justice libyenne comme étant en contradiction avec celles des experts libyens.
Un an s’est déjà écoulé depuis que les parents sont séparés de leurs enfants et, sans le moindre fondement dans la réalité, le juge a prolongé cette séparation d’encore un an, bloquant ainsi, entre autre, le retour de la famille vers la Bulgarie. Pour ce faire, il n’a même pas hésité d’utiliser une manipulation amorale – que les enfants, interrogés en absence de leurs parents, ne voulaient plus revenir chez eux ! Et bien que le père et la mère les voient seulement deux fois par mois pendant une heure et demi dans un espace clos et en présence d’un surveillant, ils ont été privés et de la possibilité de les entendre au téléphone, sous le prétexte qu’ils parlent bulgare est ceci empêche ce qui sont aux écoutes de comprendre le sens de la conversation!
Le summum de cette «justice» a été, cependant, lorsque le juge pendant l’avant-dernière audience, devant cinq témoins, a dit au père à peu près la suivante – tant qu’il fait appel de ses décisions, il n’est pas prêt de revoir ses enfants et cette situation peut durer pendant des années! Quoi d'autre à ajouter à cet accord final, sauf qu'il ne suffit pas de ne pas avoir dans le nom officiel de son Etat la dénomination "Jamahiria" (comme c’est le cas de la Libye) pour revendiquer la primauté du droit. Encore moins on peut prétendre d’enseigner dans le domaine des droits de l'homme lorsque, dans ce rôle, s’exerce en tout impunité et sans partage la bureaucratie étatique.
Boris TANUSHEFF
P.S. – L’histoire décrite et celle de ma famille.