C'est un débat malheureusement complexe, qui ne devrait d'ailleurs même pas se limiter aux « petites poitrines »... Le port du soutien-gorge est extrêmement marginal dans des nations aussi développées et industrialisées que la nôtre, telles que le Japon, et c'est plutôt le port du soutien-gorge qui va provoquer. La véritable question du pourquoi se pose !
Pour ne pas choquer ? Comme il a été très justement évoqué, les parties génitales masculines pouvant tout aussi bien « choquer » la gent féminine, un employeur devrait-il imposer à un homme de porter un slip serré qui cacherait au maximum les formes impies ? Dans quelle absurdité sommes-nous donc ? Il sera admis par la majorité que la nudité totale ou partielle des parties génitales est une atteinte, particulièrement touchante dans le cadre du travail. Il sera encore admis que la vue directe de la poitrine féminine (mise à nue ou révélée par une tenue transparente, comme l'affaire évoquée) est troublante pour la gent masculine, et ne doit pas se faire. Le torse nu n'est toléré que dans certaines circonstances pour les hommes, tout du moins pour la France. En Allemagne les femmes ont de multiples occasions de l'être si elles le souhaitent, notamment en piscine publique. Cela fait également plusieurs années que les femmes peuvent se promener la poitrine à l'air dans les rues de New York, à égalité avec les hommes.
Loin de ces conceptions plus libérées, il est quand même extraordinaire d'imposer une contrainte qui ne se voit pas, sinon par des détails enfouis ! Certes, le soutien-gorge évite que la forme du « téton » ne puisse s'esquisser sur des vêtements trop fins... Mais dans ce cas, doit-on aussi couper le pis des vaches pour éviter de choquer le mâle et la pudeur ?
La loi française ne punit que l'attentat à la pudeur, c'est à dire une exhibition publique dans un dessein directement sexuel. Si la police peut intervenir pour empêcher des femmes d'être torse nu, aucune condamnation ne peut être prononcée, aucune poursuite ne peut être menée, car la poitrine féminine, tout comme la poitrine masculine, n'est pas légalement considérée comme une « atteinte aux bonnes moeurs ». C'est pourquoi des associations féministes organisent régulièrement des sorties torse nus notamment en piscine publique pour protester contre ces discriminations, elles sont généralement arrêtées par la police mais sans aller plus loin tant qu'aucune rébellion aux injonctions des gardiens de l'ordre n'est admise, et peuvent recommencer plus tard sans entrave.
La question relative à l'employeur est plus épineuse, plus complexe, et dans les faits, pas même claire pour la législation.
Mais on peut en dégager une certaine cohérence.
Ainsi, l'employé a le droit de s'habiller comme il le désire sauf si lesdites restrictions vestimentaires figurent dans le contrat de travail et/ou sont justifiées pour l'image de l'entreprise vis à vis de ses clients (port de la cravate, etc.), pour l'hygiène (dans le cas de la restauration), pour la sécurité (port de casque, etc.). De même, si cela trouble la cohérence de son lieu de travail, comme le port du short dans un univers de bureau où il est usuel d'être en costume plus complet.
C'est pourquoi la réponse à cette question précise de Belisou est certainement non, son employeur n'a pas le droit de lui imposer le port du soutien-gorge dans le cadre de son environnement de travail et tant que son habit est couvrant... Même s'il pourrait toujours refuser de renouveler le contrat si celui-ci n'est pas un CDI.
Dans les autres cas, notamment d'employées en contact avec la clientèle, il faudra certainement attendre une certaine évolution des consciences, à défaut d'avoir un employeur plus ouvert d'esprit. Car le port du soutien-gorge est bel et bien une convention masculine injustement imposée aux femmes si celles-ci ne le veulent pas, pourvu que la poitrine ne soit pas exhibée consciemment. Il apparaît en effet que le port du soutien-gorge n'est pas anodin, en plus d'être globalement inutile : le soutien-gorge affaisse la poitrine en étiolant les ligaments chargés de redresser les seins contre la pesanteur, et en détournant cette pression sur le dos et les épaules entraîne facilement des maux de dos. Sans compter que la pression constante sur l'épiderme particulièrement fin des seins perturbe la circulation lymphatique, problème aggravé par la chaleur causée par le tissu ajouté, ceci causant à terme divers problèmes cutanés. Beaucoup de médecins sont au courant des diverses études qui ont été menées. Notons que le soutien-gorge n'a rien à voir avec la brassière, qui est un vêtement à utilité directe et temporaire, en relation avec l'activité physique de la personne, qui n'est pas du tout conçu de la même manière (elles n'auront par exemple jamais de baleines).
En fait, les choses changeront quand les femmes le décideront. Car s'il est facile de réprimander des cas isolés, cela sera beaucoup moins le cas quand elles voudront se mettre en groupe et se soutenir mutuellement. Le cas de Belisou est lié au fait qu'elle est la seule dans cette situation, même si beaucoup de ses collègues portent le soutien-gorge par convention et par prudence plutôt que parce qu'elles aiment vraiment cela. Il y a cinquante ans, les femmes étaient confrontées au problème du corset, dont le soutien-gorge est, par comparaison, une véritable libération. De même, le port du corset était obligatoire pour nombre d'emplois que les femmes avaient, au risque de perdre leur travail. Mais aujourd'hui ?
4 juil. 2015 à 15:44
Modifié par Enka1 le 4/07/2015 à 18:05
Ce qui ressemble fort à une forme de harcellement sexuel!
Vous devriez le remettre en place par lettre recommandée AR en rappelant ce qui se passe et ses réflexions et demandes indécentes et illégales dans le cas présent. Ceci en lui demandant de bien vouloir cesser ses comportements.
Envoyez copie à l'inspection du travail que vous contactez.