Convoc employeur suite harcèlemt en maladie

Résolu/Fermé
penelop 30 - 2 mars 2009 à 11:38
 evelyne 55 - 8 mai 2011 à 14:47
Bonjour,

Bonjour à tous,

J'ai besoin d'une aide urgente.
Voilà mon cas : je suis en arrêt de travail depuis le 10 février 2009 pour dépression suite à un harcèlement moral qui durait depuis plus d'1 mois par 2 hommes de l'entreprise, qui sont des amis de mon ex compagnon. Ce dernier les utilise pour me faire vivre l'enfer au travail car il n'a pas supporté que je le quitte - vengeance personnelle appliquée sur mon lieu de travail.
J'ai immédiatement signalé cette situation à mon employeur le 11 février par LRAR avec e-mails de menaces des salariés, certificats médical (psoriasis & malaises), procès verbaux de gendarmerie car ces personnes m'ont harcelée à domicile, etc.... Depuis j'attend en maladie....
Mon employeur m'envoie une LRAR le 27 février 2009 me convocant le 10 mars 2009 afin de pouvoir mener son enquête, et me demandant d'apporter des preuves de ce harcèlement. Les preuves ils les ont, et aller à cet entretien m'obligerait à sortir de mon domicile en dehors des horaires de sorties autorisées par la sécu. Suis-je obligée d'y aller ? N'aurais-je pas des pb avec la sécu si je sors en dehors des heures autorisées ? Si j'y vais seule, puis-je demander à mon boss un licenciement pour sortir de cette société et pouvoir être libre de trouver du travail ailleurs ? Puis-je demander des indemnités particulières sans passer par les prud'hommes car je n'ai rien contre mon employeur mais bel et bien contre 1 ou 2 salariés ? Si oui à quelle hauteur ? Merci pour vos réponses rapides !
Pénélope

4 réponses

Évolution de la jurisprudence
Depuis 2002, la jurisprudence des accidents du travail a évolué. Elle est devenue plus favorable aux victimes.
La jurisprudence de la Cour de cassation est claire « du seul fait de sa survenue pendant l'horaire de travail, toute lésion physique ou psychique est présumée imputable au travail ».
L'article L 411-1 du Code de la Sécurité sociale précise « Est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant,à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou chefs d'entreprises. »
De nombreuses cassations ont précisé cette évolution : Sont des accidents du travail tous les « malaises» survenus sur le temps du travail par exemple les « chocs émotionnels ne laissant pas de trace » : telles les crises de nerf, de larmes, les mutismes... Bref, en particulier, tout ce qui peut résulter d'une situation de stress, de harcèlement, ou de violence au travail.
Il n'est donc plus exigé « un événement soudain et accidentel » (un choc, une chute, une lésion...). Notamment, il n'est plus nécessaire de démontrer l'existence d'une relation entre l'accident et la lésion (physique ou psychique) pourvu que l'accident est survenu pendant le temps du travail « à une date certaine ».
Comment inscrire au registre un accident du travail imputable ou consécutif au stress ?
Tous les accidents de travail quelle qu’en soit la gravité doivent être déclarés par l’employeur avec un formulaire. Cependant, le code de la sécurité sociale autorise une simplification administrative de déclaration :
l’ouverture d’un registre des accidents du travail bénins (article L.441-4).
L’autorisation de tenue d’un registre est accordée sur la demande expresse de l’employeur par la CRAM, lorsque celui-ci répond aux conditions définies par le code de la sécurité sociale (article D. 441-1).Le registre reste donc propriété de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie.
Sa tenue est de la seule responsabilité juridique de l’employeur donc en aucun cas celle de la médecine du travail.
Doivent y être inscrit tous les accidents n’entraînant ni arrêt de travail, ni soins pris en charge par la Sécurité Sociale, donc les lésions, malaises, chocs… y compris les accidents de trajet. Si un accident inscrit dans le registre entraîne ultérieurement un arrêt de travail ou des soins médicaux, l’employeur adresse à la CPAM la déclaration d’accident du travail.
Les données suivantes doivent être notées : le nom de la victime, la date, le lieu et les circonstances de l’accident, la nature et le siège des lésions assortis du visa du donneur de soins ainsi que les autres éléments devant figurer sur la déclaration d’accident du travail. La victime signe le registre en face des indications portées par le donneur de soins.
Rappelons que l’employeur n’a pas à se faire juge du caractère professionnel de l’accident, même bénin : toute les lésions, même psychologiques, doivent être inscrites au registre des accidents du travail bénins pour servir de preuve que l’accident est survenu au temps et au lieu du travail et permettre d’établir le lien de causalité et la présomption d’imputabilité au travail. C’est particulièrement important si un accident entraîne ultérieurement un arrêt
de travail ou des soins médicaux, ou encore un décès hors du lieu de travail (au domicile par exemple).
En cas de difficulté nous vous invitons à informer immédiatement vos élus CGT.
Ce seul registre est reconnu par la C.P.A.M. et ouvre les droits des victimes. Tout autre registre ou cahier est illicite, notamment ceux enregistrant les lésions irrégulièrement appelées passages à l’infirmerie, malaises, soins…. Ils sont utilisés pour masquer les accidents du travail tels qu’ils sont définis par le code de la Sécurité Sociale.
Le registre est une tolérance administrative
Il peut être retiré par la C.R.A.M. pour l’une des raisons suivantes :
􀂃 tenue incorrecte ;
􀂃 disparition des conditions d’octroi ;
􀂃 refus de présentation du registre aux contrôleurs de la CRAM, aux inspecteurs du travail, à la victime d’un accident consigné au registre, au CHSCT ou, à défaut de l’existence de ce dernier, aux délégués du personnel.
Toute attitude visant à influencer la victime à renoncer à l’inscription de l’accident au registre des accidents du travail bénins ou à une déclaration d’accident du travail est répréhensible.

Comment déclarer un accident du travail imputable ou consécutif au stress ?

Lors d’un accident du travail, ou si un accident inscrit dans le registre entraîne ultérieurement un arrêt de travail ou des soins médicaux, l’employeur adresse à la CPAM la déclaration d’accident du travail dans les 48 heures.
(S'il ne le fait pas, la victime, ou ses ayants droit, a 2 ans pour le faire à la C.P.A.M.). Cette déclaration vous permettra de bénéficier de soins gratuits, d'une meilleure indemnisation en cas d'arrêt de travail, et d'une meilleure protection en cas d'impossibilité à occuper à nouveau votre poste de travail.
Un formulaire composé de trois volets (d'où son nom habituel de "triptyque") doit vous être remis à l’infirmerie pour la prise en charge totale des frais (volet 1 pour l'assuré, volet 2 pour la facture du médecin, volet 3 pour la facture du pharmacien.).
Comment les événements liés au stress peuvent-ils être classés comme accident du travail ?
L'employeur n'a « pas à se faire juge du caractère professionnel d'un accident de travail ». Il est tenu de déclarer l'accident de travail à la Sécurité sociale (C.P.A.M.), c'est une obligation.
De la part de l'employeur, ne pas déclarer un accident du travail, quelles que puissent être les causes, est illégal, donc punissable. Si l'employeur veut contester l'accident du travail, il doit alors démontrer que la lésion (physique ou psychique) a une origine totalement étrangère au travail, ce qui est quasi irréfragable d'après « La Charte des Accidents de Travail de la C.N.A.M. ».
Le rôle du CHSCT est, à ce niveau, de contrôler si la déclaration est faite et/ou si elle a été contestée par l'employeur.
Conclusion : il ne faut absolument pas hésiter à faire inscrire les troubles liés au stress au registre des accidents du travail bénins
Tout malaise, choc psychologique, réaction émotionnelle, troubles du comportement, etc... faisant suite par exemple à un entretien avec la hiérarchie, l'agressivité d'un client ou d’un collègue... doit être inscrit au registre des accidents du travail bénins et le cas échéant faire l'objet d'une déclaration d'accident du travail.
Dans tous les cas, le CHSCT doit examiner et évaluer les causes de tous les accidents de travail (reconnus ou pas) inscrits au registre des accidents du travail bénins.
De plus, la législation précise le caractère obligatoire de la visite de reprise, par le médecin du travail de l'entreprise, après tout arrêt maladie supérieur à 21 jours ou arrêt pour accident du travail de plus de 8 jours. Il est donc du rôle du CHSCT aussi de vérifier que cette visite médicale de reprise a bien été effectuée.
Rappelons enfin que la notion de santé est juridiquement définie: « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social ». Cette définition, issue de la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé de 1946, est opposable à l’employeur, la jurisprudence communautaire l’employant dans ses décisions.
Le rôle essentiel du CHSCT
Mais n'oublions pas que le rôle essentiel du CHSCT doit s'inscrire en premier lieu sous l'angle de la prévention.
Afin d'intervenir en amont quand les problèmes sont naissants, les indicateurs de santé doivent faire l'objet d'une analyse et d'un suivi rigoureux et régulier de la part des représentants du personnel, le CHSCT ayant un rôle prépondérant.
Les risques psychosociaux doivent êtres obligatoirement intégrés au plan de prévention. En cas de suspicion forte de risques psychosociaux dans un service, le droit d'alerte et/ou le recours à une expertise au titre de l'article L 4614-12 du Code du Travail pourraient ainsi se justifier. REFERENCES
• Sur le site des Accidents du Travail et des Maladies Professionnelles : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr
- Accidents du travail et de trajet : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fr/les_formalites_et_declarations/les_formalites_et_declarations_acettrajet_1.php
- Les risques indemnisés : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fr/risque/indemnisation_risque_1.php
- La Charte des Accidents de Travail de la C.N.A.M : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fr/AccueilDossiers/AccueilDossiers_charteatmp_1.php
• Le code de la sécurité sociale : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/texte_lc/LEGITEXT000006073189/2008-06-14/
- Articles L411-1 à L411-2 - Articles L441-1 à L441-6 - Articles D441-1 à D441-4
• Le Code du travail : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/texte_lc/LEGITEXT000006072050/2008-06-14/
- Articles L4131-1 à L4131-4 - Articles L4614-12 à L

La Liberté de choix des médecins et de l'établissement des examens médicaux doit être respectée
La victime est libre de son choix… Elle peut même refuser les soins de l'infirmerie. Le médecin du travail sauf en cas "d'urgence médicale" ne peut pas soigner. Porter atteinte à la liberté de choisir son médecin en « l'attirant par un moyen quelconque dans une clinique ou un cabinet médical » est puni d'amende et d'emprisonnement.
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Monsieur "Peponne" bonjour

Je ne sais pas qui vous êtes et quelle profession vous exercez mais en tous cas merci pour le temps que vous avez pris our répondre à ma question. Il s'avère que je cherche à me "débarrasser" rapidement de ce problème qui interragit sur ma santé. Je suis quelqu'un d'hyper sensible et la moindre angoisse produit chez moi des troubles très pénibles : psoriasis, malaises, insomnie, etc... Attaquer mon employeur ou entrer dans une procédure quelle qu'elle soit me mettrait dans un état général lourd à supporter pour des résultats certainement pas à la hauteur du poids d'une telle action. J'ai eu des nouvelles aujourd'hui, suite à l'envoi de mon fax ce matin pour demander à mon employeur de me rencontrer sur une succursale proche de mon domicile plutot qu'au siège afin de respecter mes horaires de sorties autorisées, mon pdg m'a répondu immédiatement par retour de fax me demandant de lui téléphoner sur sa ligne directe. Ce que j'ai fait et ça c'est très bien passé. Je pense qu'il a eu un peu peur de ce que je bricolais dans mon coin avec cette bombe qu'était mon dossier de harcèlement. Il a été tout doux et m'a demandé d'exprimer mes souhaits. J'ai demandé à bénéficier d'un licenciement à l'amiable et à ma demande, pour cause de harcèlement. La convoc n'a donc plus lieu d'être et elle se transformera en entretien préalable à mon licenciement. je suis libérée d'un poids vous ne pouvez pas imaginer ! Je ne veux pas entrer en procédure contre ce PDG qui est un très très bon patron. Les personnes incriminées dans mon affaire sont ces 2 employés et c'est eux qui doivent être punies, pas l'entité. Mon pdg m'a assuré s'occuper de leur cas et accepter de me libérer même si cela ne l'enchantait pas...Par contre que puis-je négocier lors du licenciement comme indemnités ? J'aimerais un ptit chèque pour le préjudice quand même puisque je perds mon travail à cause d'un salarié et éventuellement conserver mon pc portable... la voiture faut pas rêver. Qu'en pensez-vous ? Je n'ai aucune idée de combien je peux demander sans avoir l'air ridicule ou trop gourmande. J'ai 2 ans d'ancienneté seulement et je pars à ma demande donc je pense que je ne peux pas exagérer.... J'écoute tous vos avis !!!
MERCI
Pénélop
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virgule > penelop 30
9 avril 2009 à 10:34
Appelle cette asso, qui a une longue expérience en France.
Je l'ai connue par ma participation aux intersyndicales femmes de 2001, à St Denis (93), puis lors d'une journée d'information aux assistantes sociales du travail de mon département.

l’avft , association européenne contre les violences faites au femmes au travail
tél : 01 45 84 24 24 de 9h30à 15h du Lu au vendredi
https://www.avft.org/
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peponne,
déjà bravo pour ta réponse trés travaillée, juste une question, tu dis: "Notamment, il n'est plus nécessaire de démontrer l'existence d'une relation entre l'accident et la lésion (physique ou psychique) pourvu que l'accident est survenu pendant le temps du travail « à une date certaine ». y a t'il une jurisprudence ? merci, fred
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Bonjour peponne,
Merci pour cette réponse très référencée et très pointue et détaillée. Je rencontre une situation similaire à celle de Penelop 30 avec mon employeur. Nous sommes devant le Tribunal des affaires de la Sécurité Sociale. J'ai fait un malaise pendant mes heures de travail. J'ai été amené par le samu aux urgences. Ce malaise est consécutif à un état de harcellement moral au travail, avec signalement à la médecine du travail etc. Mais mon employeur a engagé un avocat parce qu'il conteste l'accident du travail. le medecin expert du tribunal a donné une réponse à la question que la cour lui a posé : savoir s'il y a un lien de causalité entre les faits aux travail et le malaise que j'ai eu. L'expert a rendu sa décision disant qu'il ya un lien de causalité. L'avocat de mon employeur me demande de lui communiquer toutes les pieces que j'ai fourni au medecin expert. Est ce que je dois les lui transmettre ?

Vous avez dit dans votre réponse : «Depuis 2002, la jurisprudence des accidents du travail a évolué. Elle est devenue plus favorable aux victimes.
La jurisprudence de la Cour de cassation est claire « du seul fait de sa survenue pendant l'horaire de travail, toute lésion physique ou psychique est présumée imputable au travail ».
Est ce que vous pourriez me donner les references de cet arret, je pourrais m'appuyer dessus pour me defendre. Merci.
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maggie24 Messages postés 1991 Date d'inscription mardi 10 juillet 2007 Statut Membre Dernière intervention 27 mars 2011 417
2 mars 2009 à 14:58
Bonjour,

Il vaut mieux aller à cet entretien, vous pouvez y aller avec quelqu'un du syndicat. Pour la sécu, vous les appelez et expliqué que tel jour tel date à tel heure, vous devez quitter votre domicile pour un RDV urgent chez votre employeur . Ensuite envoyez une LR/AR en notant ce que vous avez dit au téléphone, comme ça vous êtes tranquille. Le jour du RDV, demandez lui un papier comme quoi vous étiez bien dans son bureau ect.

Pour le reste, attendez de voir ce que cet entretien donnera.

Tenez moi informée!!

Maggie
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Bonjour Maggie,

Je vais y aller et c'est eux qui m'ont dit sur le courrier de la convocation qu'il y aurait la délégué syndicale de ma société, une salarié, la comptable, que je connais bien. Donc ça c fait. Par contre je leur ai proposé une modulation de rdv à la même date mais sur une agence proche de chez moi, et entre midi et 2. Comme ça ça colle avec mes horaires de sorties autorisées selon les clauses de mon arrêt maladie. J'espère qu'ils vont accepter. En effet ce n'est pas une mauvaise idée que de demander une attestation pour ce rdv, on sait jamais ! Merci. Sinon je pense qu'ils n'ont rien à me dire, apparemment c leur premier cas de harcèlement dans l'entreprise (moi aussi d'ailleurs !) et ont déjà mis 3 semaines avant de réagir. Ils ne devaient pas savoir quelle était la procédure. Je pense qu'ils veulent d'une part savoir ce que j'attend d'eux et ensuite gagner du temps et tenter de m'amadouer pour que je n'attaque pas. Je ne compte pas les attaquer car ma société ne m'a rien fait, je n'ai rien à lui reprocher et mes supérieurs ont tjs été corrects avec moi, ils venaient même tout juste de m'augmenter. je vais donc me rendre à cet entretien et négocier un licenciement, mais quel type de licenciement serait le plus avantageux pour moi dans un contexte comme celui-là ? quite à choisir autant faire la bonne proposition. Le savez-vous ? Quelqu'un le sait ?
Merci
Pénélop
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J'ai eu un conflit avec l'employeur , j'ai été en arrêt de travail pendant 6 mois est ce que je peux le faire requalifier en accident du travail?
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