DPE non enregistré et erroné annexé à l'acte de vente

Pacodoso Messages postés 11 Date d'inscription mercredi 29 octobre 2014 Statut Membre Dernière intervention 22 octobre 2024 - 12 oct. 2024 à 11:10
Pacodoso Messages postés 11 Date d'inscription mercredi 29 octobre 2014 Statut Membre Dernière intervention 22 octobre 2024 - 16 oct. 2024 à 19:40

Bonjour,

Nous avons acheté une maison de 1975 en 2022, pour laquelle nous avons prévu d'importants travaux de rénovation. L'agence avait annexé un DPE réalisé par le vendeur en août 2021, qui classait la maison en niveau E, ce qui est plutôt correct vu l'âge de la maison.

Mais pour obtenir les aides, il a fallu réaliser un audit énergétique, ce que nous avons fait en mars 2023 : cette fois, on arrive en classe G, car il y avait plusieurs erreurs et approximations dans le DPE.

Dans un premier temps, j'ai donc pris contact avec l'auditeur qui a réalisé le DPE fin 2023 pour comprendre sur quels éléments il s'était basé. Mais après lui avoir transmis une copie de l'audit énergétique en janvier 2024, je n'ai plus jamais eu de nouvelles de sa part.

En approfondissant le sujet, je me suis ensuite rendu compte que le DPE n'avait jamais été enregistré par l'ADEME, et n'avait donc aucune valeur juridique : il n'aurait jamais dû être annexé à l'acte de vente par l'agence ou le notaire !

Comme j'étais déjà accompagné par un avocat pour un conflit avec un architecte, j'ai mandaté l'avocat d'envoyer une mise en demeure à l'auditeur, avec une copie du courrier à son assurance et à son organisme de certification.

Il n'est jamais revenu vers nous, mais s'est défendu auprès de son organisme de certification en expliquant que c'était l'agence immobilière qui lui avait "mis la pression" pour fournir le DPE non définitif, et qu'ils étaient donc au courant de la situation. Pour l'erreur de classement du DPE, il la justifie par le fait que l'agence lui avait "promis" des éléments pour justifier la composition des parois évoquée dans le DPE, qui permet d'atteindre le niveau E.

L'agent immobilier qui nous a vendu le bien est en arrêt maladie. J'ai donc pris contact directement avec le responsable d'agence avec qui j'ai échangé plusieurs fois. Mais malgré ses promesses de revenir vers moi avec des informations et des explications, je n'ai jamais eu de nouvelles...

Je me demande maintenant quelle suite donner à cette affaire :
- Dans la mesure où il existe un vrai "préjudice" à acheter une maison classée G au lieu de E, et que l'audit énergétique recommande des travaux supplémentaires par rapport au DPE (notamment l'isolation par l'extérieur), puis-je demander la prise en charge d'une partie de ces travaux ?
- Contre qui dois-je me retourner en priorité ? L'avocat a uniquement contacté l'auditeur pour l'instant, mais l'agence et/ou le notaire auraient dû voir également que le DPE n'avait jamais été enregistré : nous avons payé des frais d'agence et des frais de notaire...

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3 réponses

_lael_ Messages postés 5164 Date d'inscription dimanche 2 février 2020 Statut Membre Dernière intervention 25 décembre 2024 2 478
Modifié le 12 oct. 2024 à 11:51

A l'époque, le DPE était purement informatif et n'était pas opposable ce qui privait l'acquéreur de recours contre le vendeur en cas de DPE erroné si l'erreur était de "bonne foi".

[Edit : En fait, après vérification, le DPE est opposable depuis le 1er juillet 2021, soit un mois avant sa réalisation par le vendeur, donc ce seul motif est suffisant pour faire valoir un préjudice du fait de l'écart entre l'ancien DPE erroné et le nouveau]


Dans votre cas, c'est visiblement différent pour au moins 2 raisons :

- Le DPE n'est pas définitif et n'a jamais été enregistré (aveu du diagnostiqueur)

- Il y a manifestement volonté de tromperie : erreur délibérée et de mauvaise foi



Il est probablement possible de :

1) Faire valoir qu'il n'est pas valable (non enregistré) ou nul ce qui fait que tous les documents prévus par la loi ALUR ne vous ont pas été produits et en conséquence le délai de rétractation n'est pas purgé ce qui peut conduire à l’annulation de la vente.

2) Faire valoir la tromperie (vice de consentement) pour faire annuler la vente

Ou obtenir un dédommagement à hauteur de votre préjudice en conservant le bien.



Ce qui pourrait potentiellement ouvrir la voie à un dédommagement à hauteur de la perte de chance d'avoir pu négocier un prix inférieur, tenant compte de la réalité de l’isolation thermique, si vous aviez bénéficié des bonnes informations.



Ce sont juste des pistes de réflexion, à discuter avec votre avocat.

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_lael_ Messages postés 5164 Date d'inscription dimanche 2 février 2020 Statut Membre Dernière intervention 25 décembre 2024 2 478
Modifié le 14 oct. 2024 à 12:29

Une décision de justice récente qui correspond à votre cas :

Cour d'appel de Rouen, Chambre 1, 28 août 2024, 23/01268


A noter que le diagnostiqueur (son assurance), l'agence immobilière et les vendeurs ont tous été condamnés "in solidum" à indemniser le vendeur pour près de 80.000€ pour un logement acheté 172.000€

nb: "in solidum" c'est une magouille juridique pour dire "solidairement" mais sans le dire car légalement la solidarité ne peut pas être présumée (art 1310 cc)



Extrait de la condamnation :

"Condamne in solidum [le diagnostiqueur et son assurance], [l'agence immobilière], [les vendeurs] à payer [aux acquéreurs] les sommes suivantes :

- la somme de 61 000 euros à titre de dommages et intérêts correspondant au coût des travaux utiles, dans la limite de 20 640 euros pour le diagnostiqueur et son assureur et de 13 760 euros pour l'agence immobilière,

- la somme de 2 000 euros au titre du préjudice moral,

- la somme de 10 055,65 euros au titre du préjudice financier,

- la somme de 9 000 euros au titre des frais irrépétibles"



A noter que la décision initiale prévoyait uniquement l'indemnisation de la "perte de chance" à hauteur de 25.000€, pour n'avoir pas pu négocier un prix inférieur en connaissant le vrai DPE du logement.
 

La décision d'appel semble avoir transformé cette "perte de chance" en indemnisation pour le coût des travaux nécessaires pour atteindre le DPE D prévu à l'acte de vente, soit un montant bien plus élevé de 61.000€.

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Gayomi Messages postés 19187 Date d'inscription dimanche 17 mars 2013 Statut Membre Dernière intervention 30 décembre 2024 10 370
Modifié le 12 oct. 2024 à 12:19

Voir avec votre avocat s'il est possible d'invoquer le dol (cf. art 1137 du Code Civil), caractérisé lorsque le vendeur a sciemment caché certains éléments de la vente pour influencer l’acheteur. 

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000036829827#:~:text=Le%20dol%20est%20le%20fait,d%C3%A9terminant%20pour%20l'autre%20partie.

L’acquéreur dispose d’un délai de 5 ans pour agir à compter de la découverte du dol (article 1144 du Code civil) 
 

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Pacodoso Messages postés 11 Date d'inscription mercredi 29 octobre 2014 Statut Membre Dernière intervention 22 octobre 2024
16 oct. 2024 à 19:40

Bonsoir Gayomi,

Pensez-vous qu'il soit également possible d'invoquer le dol pour un autre problème que nous venons de découvrir, concernant un compteur d'eau?

Nous avons signé l'acte de vente de notre maison mitoyenne en mars 2023. Le vendeur était également le propriétaire de la maison voisine jusqu'en 2011.

Notre acte de vente comportait un paragraphe dédié aux servitudes, avec notamment un extrait de plusieurs paragraphes de l'acte de vente de la maison voisine datant de 2011, notamment un paragraphe concernant le réseau d'eau :

"1°) SERVITUDE DE CANALISATIONS (EAU)
L'ACQUEREUR reconnaît avoir été informé que les maisons 21 (présentement acquise) et 23 Rue XXX, restant la propriété du VENDEUR, disposent d'une arrivée d'eau commune située au niveau de la maison 21 Rue XXX, équipée de deux vannes séparées (une vanne pour chaque maison). Les deux maisons sont équipées de deux compteurs différents.
En conséquence, l'ACQUEREUR constitue par les présentes,
A LA CHARGE des parcelles cadastrées section AX terrain maison 21 - partie 1 et terrain maison 21 - partie 2 (maison 21 Rue XXX), fonds servant,
Une servitude perpétuelle de passage de réseau d'eau en sous-sol
Au profit de la parcelle terrain maison 23 (maison 23 Rue XXX), fonds dominant,
Ainsi que d'une servitude d'accès à la vanne concernant la maison 23 Rue XXX.
Le VENDEUR déclare que l'évacuation des eaux usées se fait de manière distincte pour les deux maisons.
Le VENDEUR, restant propriétaire de la maison du 23 Rue XXX, reconnaît avoir été informé par les notaires soussignés, du droit, pour la collectivité publique, de l'enjoindre à aménager un accès direct à l'eau pour la maison n° 23 Rue XXX. Dans ce cas, le VENDEUR aura à supporter les travaux de raccordement et devra faire tous travaux nécessaires à la condamnation de la vanne devenue inutile, située dans la maison n° 21 Rue XXX.
Selon plan ci-annexé (annexe 8)
Les frais d'entretien et de réparation de l'installation d'eau :
- Pour la partie commune aux deux propriétés (arrivée d'eau jusqu'à la séparation des canalisations), seront à la charge des deux propriétaires pour moitié.
- Pour chaque canalisation (au-delà de la séparation) alimentant séparément chaque maison, les frais d’entretien et de réparation seront à la charge exclusive du propriétaire de ladite canalisation."

A la fin du paragraphe sur les servitudes et des extraits de l'acte de vente de la maison mitoyenne, il y a la clause suivante :

"L’ACQUEREUR se reconnaît parfaitement informé de l’existence de ces servitudes pour être en possession du susdit acte du 6 décembre 2011, et déclare vouloir en faire son affaire personnelle, dispensant le notaire soussigné de plus amples informations à leur sujet."

Nous venons d'être sollicité par le Service des Eaux de notre commune pour le remplacement du compteur d'eau, qui doit être effectué à priori tous les 10-15 ans : le notre n'aurait pas été remplacé depuis 1998, mais la ville aurait adressé de nombreuses relances au propriétaire ces dernières années, restées sans réponse.

Le technicien venu sur place nous a également informé que l'emplacement de compteur n'était pas homologué, puisqu'il se trouvait sur le plafond de notre sous-sol, la conduite d'eau arrivant de la maison mitoyenne : il affirme que le compteur a été déplacé par le propriétaire avant la vente de la maison mitoyenne. Il a pris une photo de l'arrivée d'eau et du compteur de la maison mitoyenne, qui semble confirmer ses propos.

Il nous laisse aujourd'hui 2 options :

- remettre le compteur d'eau au niveau de l'arrivée d'eau dans la maison mitoyenne : le propriétaire refuse cette option, pour ne pas se retrouver avec une nouvelle servitude

- effectuer les travaux nécessaires pour disposer d'une arrivée d'eau indépendant : compte tenu de notre configuration, cela représenterait des travaux importants un budget de 20 - 30 000 €

Si nous pouvons prouver que l'ancien propriétaire a été relancé à de nombreuses reprises par le Service des Eaux, et/ou que le compteur avait été déplacé illégalement, est-ce que cela constitue un dol?

Est-ce qu'il est protégé par la mention "ambigue" figurant dans l'acte de vente?
 

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Pacodoso Messages postés 11 Date d'inscription mercredi 29 octobre 2014 Statut Membre Dernière intervention 22 octobre 2024
15 oct. 2024 à 20:34

Merci à vous our votre retours et vos réponses précises.

Je discuterais donc cela avec l'avocat qui prendra le relais sur nos affaires, puisqu'on vient de se faire lâcher par l'avocat qui nous suit depuis un an, et qui avait entamé les démarches sur cette affaire...

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