Les retraités français à l'origine d'un événement historique : "le plus grand transfert de richesse de l'Histoire"
C'est un fait : les générations nées avant 1960 détiennent aujourd'hui, en moyenne, une part significative du patrimoine immobilier et financier français. Un phénomène qui provient d'une combinaison de facteurs, et notamment de la forte valorisation immobilière des dernières décennies.
Si beaucoup de ces seniors
privilégient la transmission à leurs descendants, d'autres choisissent de conserver leur capital pour financer leur retraite, leurs soins ou leur qualité de vie, ce qui peut retarder ou réduire les montants transmis à leurs proches. Certains retraités optent ainsi pour des donations précoces, tandis que d'autres préfèrent conserver leur patrimoine jusqu'à leur décès.Dans une récente étude dénommée "Face à la "grande transmission", l'impôt sur les grandes successions", la fondation Jean Jaurès a justement chiffré le montant que la génération issue du baby boom devrait transmettre d'ici 2040, à une date où la plupart des membres de cette génération auront disparu et donc légué leur patrimoine.
Si le flux transmis aux héritiers en 2025 est estimé par l'organisme à 464 milliards d'euros, ce montant augmentera au fil des années avec la hausse du nombre de décès des baby boomers. En 2040, le flux annuel devrait ainsi augmenter de près de 50 % selon les prévisions de la fondation. Mais surtout, au cumul, le patrimoine transmis par les retraités français devrait atteindre 9 000 milliards d'euros en 15 ans. Un nombre que le rapport qualifie de "plus grand transfert de richesse de l'Histoire".
Ce phénomène causera un enrichissement sans précédent pour la génération des héritiers. Avec, évidemment, d'importantes disparités. Les transmissions se feront en effet principalement au sein des familles, souvent vers les enfants ou petits-enfants. Et les seniors les plus aisés, représentant une petite fraction de la population, concentrent une part très importante de la richesse transmise, ce qui accentuera les disparités économiques entre les héritiers. Toujours selon l'étude, cette dynamique pourrait ainsi amplifier les fractures sociales, notamment entre ceux qui héritent de patrimoines conséquents et ceux globalement exclus de ce transfert de richesses.
Parmi les autres conséquences prévisibles de cet événement d'ampleur figure la hausse des frais de donation et de succession. Face à la dette colossale de l'Etat, les futurs gouvernements pourraient être tentés d'augmenter la fiscalité sur les transmissions compte-tenu du montant des sommes en jeu. L'héritage pourrait ainsi être plus fortement imposé dans les années à venir, notamment pour les successions d'un montant important.
Pour les retraités français, mieux vaut donc anticiper en préparant dès maintenant sa succession. Le droit fiscal offre encore, heureusement, de nombreux moyens pour transmettre à ses descendants en limitant voire en échappant aux frais de donation : abattement, usufruit, assurance-vie, etc. Un panel d'options de défiscalisation qui pourraient toutefois se réduire dans la décennie à venir...