Les Français les plus pauvres se privent d'un geste médical qui pourrait leur sauver la vie

Les Français les plus pauvres se privent d'un geste médical qui pourrait leur sauver la vie Une étude récente de l'Insee montre que les Français des classes populaires ont tendance à négliger un geste médical pouvant pourtant s'avérer vital.

Il y a des gestes simples que l'on remet à plus tard. Des démarches que l'on sait importantes, mais que l'on repousse, encore et encore. Parfois par manque de temps. Parfois par crainte. Parfois simplement parce qu'on pense que "ça n'arrive qu'aux autres". Et puis il y a ces gestes dont on sait qu'ils peuvent sauver des vies… mais que des millions de Français continuent pourtant d'éviter.

Il existe dans les données de santé publique un indicateur qui interroge depuis plusieurs années. Un taux qui ne remonte pas, malgré les campagnes répétées, malgré la gratuité, malgré les efforts pour simplifier l'accès. Si bien qu'à l'échelle européenne, la France se trouve parmi les pays dans lesquels ce pourcentage reste encore relativement bas.

Ce taux, c'est celui de la participation des Français aux dépistages organisés des cancers colorectal et du sein. Des examens recommandés, totalement pris en charge, parfois réalisables à domicile. On pourrait donc s'attendre à une forte adhésion. Pourtant, les chiffres fournis dans France, Portrait social 2025 de l'Insee racontent une histoire différente.

Pour le dépistage du cancer colorectal, le rapport indique que seuls 30,8 % des personnes concernées réalisent le test. Autrement dit, près de sept Français sur dix ne le font pas. Ce test, pourtant, ne prend que quelques minutes et peut être envoyé directement par courrier. La participation progresse à peine d'année en année, malgré les alertes sur l'importance d'un diagnostic précoce.

Le constat est un peu meilleur pour le cancer du sein, mais reste très insuffisant : 48,2 % des femmes de 50 à 74 ans participent au dépistage organisé. Le taux ne dépasse donc pas la moitié de la population cible. À l'échelle nationale, cela représente plusieurs millions de rendez-vous qui n'ont jamais été pris.

Les chiffres deviennent encore plus frappants quand on observe les écarts entre catégories sociales. Le rapport souligne qu'une fracture nette s'est installée. Pour le dépistage du cancer colorectal, la participation atteint 31,6 % parmi les personnes les plus aisées, contre 16,5 % parmi les plus modestes. Le rapport est presque de un à deux. Le même schéma se retrouve pour le dépistage du sein : 67,3 % de participation chez les plus aisées, 41,7 % chez les plus pauvres.

Ces données montrent que la gratuité ne suffit pas. Elles révèlent également une forme d'inégalité d'accès "invisible" : même lorsque tout est mis en place pour réduire les barrières, le recours réel au dépistage varie fortement selon le niveau de vie. Les explications avancées par les chercheurs sont multiples : manque d'information, crainte du résultat, difficultés d'organisation, absence de médecin traitant, ou encore priorité donnée à d'autres contraintes quotidiennes.

Ces chiffres rappellent que la prévention ne se limite pas à proposer un examen : elle suppose aussi un accompagnement, une explication claire et un lien de confiance avec les professionnels de santé.