Le changement d'heure approche, voici où en est le projet de le supprimer
Depuis des décennies, le changement d'heure rythme nos vies deux fois par an dans de nombreux pays, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Introduit à l'origine pour économiser l'énergie pendant les périodes de guerre, puis pérennisé dans les années 1970 face à la crise pétrolière, ce système vise à ajuster nos horloges aux variations de luminosité saisonnières. En avançant d'une heure au printemps, on prolonge les soirées lumineuses ; en reculant d'une heure à l'automne, on décale le lever du soleil. Mais cette pratique, qui semblait autrefois logique, fait aujourd'hui l'objet de critiques croissantes.
L'un des arguments majeurs contre le changement d'heure concerne ses effets sur le bien-être humain. Des études montrent que le décalage horaire, même d'une heure, perturbe notre rythme circadien, ce cycle biologique qui régule le sommeil et l'éveil. Fatigue, troubles de la concentration et même une légère hausse des accidents de la route ou des crises cardiaques sont observés dans les jours suivant le passage à l'heure d'été ou d'hiver.
À l'inverse, les défenseurs du système arguent qu'il favorise les activités en soirée et réduit la consommation d'électricité, bien que cet avantage soit de plus en plus relatif à l'ère des éclairages LED et des modes de vie modernes.
Sur le plan économique, l'efficacité énergétique du changement d'heure est aussi devenue un sujet de débat. En Europe, des rapports estiment que les économies d'énergie ne dépassent pas 0,5 % à 1 % de la consommation totale, un gain jugé négligeable par beaucoup. De plus, les secteurs comme l'agriculture ou le tourisme s'accommodent mal de ces ajustements : les agriculteurs déplorent la perturbation des rythmes naturels des animaux, tandis que les professionnels du tourisme pointent des complications dans la coordination internationale.
En Europe, la suppression du changement d'heure a été sérieusement envisagée ces dernières années. En 2018, une consultation publique organisée par la Commission européenne a recueilli plus de 4,6 millions de réponses, dont 84 % en faveur de l'arrêt des basculements horaires.
Suite à cela, le Parlement européen a voté en 2019 pour mettre fin au système dès 2021, laissant chaque État membre choisir entre l'heure d'été ou l'heure d'hiver permanente. Cependant, les désaccords entre pays sur le fuseau horaire à adopter et les lenteurs bureaucratiques partiellement lié à l'arrivée de l'épidémie de Covid ont depuis freiné le processus. Certains craignent qu'une mosaïque de choix nationaux ne complique les échanges commerciaux et les transports. Aujourd'hui, la probabilité d'une suppression définitive reste encore incertaine, le projet semblant gelé à ce jour.
Quant à la date du prochain changement d'heure, elle est fixée, comme chaque année, au dernier dimanche de mars pour le passage à l'heure d'été. Ainsi, en 2025, les Européens avanceront leurs montres d'une heure dans la nuit du 29 au 30 mars. Un rituel qui pourrait toutefois être l'un des derniers si les discussions aboutissent enfin...