Souffrez-vous plus de l'inflation que la moyenne des Français ? Voici son coût annuel par ménage selon l'Insee
En matière de revenus, comme de placements d'ailleurs, on commet trop souvent la même erreur de perspective. L'augmentation ou la diminution du salaire ou de la retraite, ou le rendement du placement sont appréciés en chiffres bruts. Alors qu'en matière financière, il faut toujours raisonner en terme de pouvoir d'achat. Autrement dit, se poser la question : par rapport à la période précédente, puis-je acheter davantage ou moins de biens et services avec ma pension de retraite, mon salaire ou les intérêts de mon épargne ?
Il faut donc comparer les chiffres bruts d'une année sur l'autre, mais en tenant compte de l'inflation. Avec un raisonnement très simple : quand on gagne 100 de plus, le gain final et réel est différent selon que l'inflation est de 50 ou de 150. Dans le premier cas, on enregistre un véritable gain en terme de pouvoir d'achat alors qu'on est perdant dans le second cas.
C'est pour cette raison que les chiffres de l'Insee publiés récemment sont importants pour apprécier l'impact de la hausse des prix sur les revenus réels des ménages français. Par exemple, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 4,9% en 2023, après une hausse de 5,3% en 2022. Ce qui s'était jamais vu depuis les années 1980.
De l'autre côté de la balance, les revenus ont également augmenté : hausse du smic, des retraites et du traitement des fonctionnaires, prime de pouvoir d'achat, revalorisations des allocations et prestations sociales, etc. Sans oublier des mesures fiscales comme la suppression de la taxe d'habitation. Et sans compter non plus la fin de certains dispositifs exceptionnels pour aider les ménages face à la hausse des prix.
Les conclusions de l'Insee sont précises. Dans son rapport publié le 21 novembre dernier, l'institut constate qu'en 2023, à volume de consommation inchangée, la hausse des prix a représenté une dépense supplémentaire moyenne de 1230 € par personne, soit 2460 € pour un ménage de deux personnes.
Globalement et toujours en moyenne, cette hausse des prix a été compensée à 95% par l'augmentation des revenus toutes formes confondues. Sauf que cette perte de pouvoir d'achat de 5% est naturellement répartie de façon inégale. Chez les 20% de ménages les plus modestes, l'augmentation des revenus et allocations ne compense que la moitié de la hausse des prix. Alors les 20% des personnes les plus aisées gagnent en fait 20% de pouvoir d'achat.
On le voit donc, tous les Français ne sont pas tous égaux face à l'inflation. Dans son étude, l'Insee note ainsi que les 40 % des ménages les plus aisés ont bénéficié l'an dernier d'une hausse de leurs revenus d'activité conjuguée à un accroissement des revenus de leur patrimoine, notamment financier. Grâce à cette double-ressource, l'augmentation de leur niveau de vie a dépassé la hausse de leurs dépenses liées à l'inflation. A l'inverse, le solde est négatif pour les ménages aux revenus plus modestes et une grande partie des classes moyennes qui sont donc les premières victimes de la hausse des prix.