La classe énergétique de votre logement est-elle trompeuse ? Ces chiffres sèment le doute sur les DPE et les politiques de rénovation.
Une étude du Conseil d'analyse économique conteste la fiabilité des DPE. Un constat qui pourrait indirectement remettre en cause l'interdiction de louer un logement classé énergivore.
Depuis de nombreuses années, les travaux de rénovation énergétique des logements constituent l'un des points clefs de la politique écologique de l'Etat. Le gouvernement a ainsi prévu de mobiliser à nouveau 4 milliards d'euros en 2024 pour accompagner leur financement, essentiellement via le dispositif MaPrimeRénov'. Des aides qui s'accompagnent d'une politique plus répressive contre les logements énergivores, avec la mise en place progressive d'interdictions de louer un logement selon l'étiquette de son diagnostic de performance énergétique (DPE).
C'est principalement sur ce DPE que repose en effet la politique de rénovation énergétique des logements en France. Il permet de leur attribuer une classe d'efficacité énergétique et climatique allant de A (la plus efficace) à G (la moins efficace). Cette étiquette définit les priorités de rénovation des bâtiments et conditionne les aides aux travaux. Mais dans les faits, la consommation indiquée par le DPE n'est qu'une prédiction théorique qui peut différer des chiffres réellement observés.
Une étude du Conseil d'analyse économique publiée le 10 janvier a justement analysé l'écart entre la consommation d'énergie effective d'un logement et celle estimée par le DPE. Pour ce faire, l'organisme s'est fondé sur les données bancaires des clients Crédit Mutuel Alliance Fédérale en les comparant au DPE de leur logement. Et les chiffres sont édifiants. Si les experts constatent bien un accroissement de la consommation d'énergie dès lors que la note DPE baisse, l'écart est toutefois 6 fois moins important que ce qui est prédit par le diagnostic ! Cette différence est particulièrement flagrante dès lors que la surface du logement dépasse 80 m2 (des maisons le plus souvent), pour lesquels la consommation varie très faiblement lorsque la performance du DPE se dégrade.
Selon le rapport, cet important écart est essentiellement dû au comportement des ménages. Sans surprise, ceux-ci adaptent leur consommation en fonction de la performance théorique de leur logement. En moyenne, les occupants d'un logement classé G seront donc beaucoup plus attentifs à leur consommation que ceux d'un logement rénové classé A, et inversement. Or, l'erreur du DPE consiste à considérer que la demande de confort thermique est fixe, sans ajustement de la part des occupants. Un décalage auquel peuvent aussi s'ajouter les classiques erreurs de calcul et de diagnostic. Le DPE a en effet tendance à surestimer la performance réelle d'un bâtiment. Une surévaluation notamment due aux malfaçons techniques et à l'hétérogénéité thermique des logements ayant fait l'objet de plusieurs phases de rénovation.
Cette analyse pourrait remettre en cause la - coûteuse - politique de rénovation énergétique des logements mise en place par l'Etat. A minima, elle constitue un solide argument contre l'interdiction de louer des logements énergivores décidée par le gouvernement. Rappelons en effet qu'il sera interdit de louer un logement classé G par le DPE dès le 1er janvier 2025...
- Conseil d'analyse économique : https://www.cae-eco.fr/performance-energetique-du-logement-et-consommation-d-energie-les-enseignements-des-donnees-bancaires