Délai de paiement des droits de succession (différé-fractionné)

"Délai de paiement des droits de succession (différé-fractionné)"

Les héritiers peuvent bénéficier d'un paiement fractionné ou différé des droits de succession. Comment payer plus tard et décaler les droits de succession. Pénalités et intérêt de retard.

Le paiement des frais et droits de succession peut être :

  • fractionné, c'est-à-dire étalé dans le temps
  • différé, c'est-à-dire reculé dans le temps
  • ou à la fois différé et fractionné.

L'administration exige du contribuable certaines garanties (nantissement, hypothèque, etc). Chaque héritier peut choisir la solution qui lui convient (différé et/ou fractionné) si les conditions sont remplies. Mais il doit obtenir l'accord de ses co-héritiers puisque l'ensemble des héritiers est solidairement responsable du paiement des droits.

Quand demander un paiement différé des droits de succession ?

L'héritier ou le légataire peut demander un paiement différé des droits de succession dans plusieurs cas. En voici la liste.

1. Quand il reçoit des biens en nue-propriété. Le bénéficiaire du paiement différé peut alors être dispensé du paiement des intérêts, à condition que les droits soient calculés sur la valeur imposable, au jour de l'ouverture de la succession, de la pleine propriété des biens recueillis.

Cette solution est souvent préférable si l'espérance de vie de l'usufruitier est importante.

2. Quand il doit payer à terme une soulte ou une indemnité à ses cohéritiers,

3. Quand la succession donne lieu à l'attribution préférentielle d'une exploitation agricole dans les conditions prévues par le Code civil.

Le différé de paiement des droits de succession ne porte que sur les droits afférents à la nue-propriété du bien ou sur les indemnités ou soultes dues.

Le paiement des droits peut être différé jusqu'à l'expiration d'un délai de six mois à compter :

  • Cas 1. de la date de la réunion de l'usufruit à la nue-propriété ou de la cession totale ou partielle de la nue-propriété,
  • Cas 2 et 3. du délai imparti au bénéficiaire pour le paiement des sommes dues à ses cohéritiers.
Dans le cas d'un portefeuille de valeurs mobilières, l'usufruitier peut céder des titres à condition de réinvestir la totalité du produit de la vente dans l'achat d'autres titres. Faute de quoi, si la globalité du portefeuille n'est pas ainsi conservée, l'administration fiscale mettra fin au différé de paiement pour le nu-propriétaire. (Instruction du 7 février 2005)

En quoi consiste le paiement fractionné des droits de succession ?

Dans tous les cas, les bénéficiaires d'une succession peuvent acquitter les droits en plusieurs versements de montant égal, espacés d'au plus six mois, et étalés sur une période qui ne peut être supérieure à un an. Le nombre de versements est donc limité à trois. Le délai maximal d'un an est porté à trois ans quand la moitié au moins de l'actif successoral est constituée de bien non liquides. Le nombre de versements est limité à sept.

Liste limitative de ces biens non liquides : brevets d'invention, clientèles, créances non exigibles au décès, droits d'auteur, fonds de commerce, y compris le matériel et les marchandises qui en dépendent, immeubles, matériels agricoles, bestiaux et récoltes, offices ministériels, parts dans des sociétés dont le capital n'est pas divisé en actions, valeurs mobilières non cotées en Bourse, objets d'antiquité, d'art et de collection.

Comment demander un délai de paiement des droits de succession ? 

La demande de délai de paiement des droits de succession prend la forme d'une lettre jointe à la déclaration de succession. Vous devrez dans tous les cas fournir des garanties (comme une hypothèque sur une maison ou un appartement) et verser des intérêts, que vous demandiez un paiement différé ou fractionné. Vous pouvez vous aider du modèle de lettre de demande de délai de paiement des droits de succession ci-dessous. L'administration doit formuler une réponse dans les deux mois qui suivent la demande du contribuable.

Nom Prénom expéditeur 
N° Rue 
CP Ville 
Nom destinataire 
N° Rue 
CP Ville
 
A (lieu), le (date)
 
Objet : demande d'un délai de paiement de droits de succession
 
Après le décès de (préciser nom, prénom) qui résidait au (préciser l'adresse), survenu le (préciser la date et le lieu), il a été établi que je devais m'acquitter, au titre des droits de succession, de la somme de (préciser) au plus tard le (préciser). 
 
Or, je suis actuellement dans l'impossibilité de pouvoir honorer cet impôt à la date prévue. En effet, (préciser la raison de la demande de délai : trésorerie personnelle insuffisante avant la réalisation des actifs de la succession, difficultés imprévues pour réaliser ces actifs, situation personnelle difficile...). 
Dans ces circonstances, j'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance l'attribution d'un délai de (préciser) pour le paiement de ces droits de succession ; ils seront ainsi réglés au plus tard le (préciser la date). 
 
Par ailleurs, je vous serais très reconnaissant de m'indiquer le montant des intérêts de retard consécutifs à l'obtention de ce délai.
 

Quel est le taux d'intérêt des droits de succession ?

Le taux d'intérêt légal était également utilisé pour le paiement différé ou fractionné des droits de donation-succession. Depuis le 1er janvier 2015, la référence au taux d'intérêt légal a été abandonnée. Le taux d'intérêt pour le paiement différé ou fractionné des droits de succession-donation est désormais égal au taux effectif moyen des crédits immobiliers, au cours du quatrième trimestre de l'année précédant celle de la demande de délais de paiement, réduit d'un tiers. Toutefois, seule la première décimale est retenue. Ce taux est applicable pendant toute la durée du crédit. Pour les demandes formulées en 2024, le taux est de 2,20% (contre 1,7% en 2023) et le taux réduit est de 0,7% pour les transmissions d'entreprises (contre 0,5% en 2023).

Quelle est la date limite pour payer les droits de succession ?

En principe, les droits de mutation à titre gratuit doivent être payés au moment de l'envoi de la déclaration, qui doit être souscrite dans les six mois qui suivent le décès. Pour éviter ces pénalités et intérêts de retard, le contribuable peut payer tout ou partie des sommes dues même si la déclaration n'est pas encore établie. Ces intérêts et pénalités ne porteront que sur le solde encore dû à l'issue des six mois.

Précision importante : les pénalités ne s'appliquent qu'à compter du 1er jour du septième suivant la date-limite de déclaration. Dans la pratique, les héritiers ont donc un an à compter du décès pour envoyer la déclaration de succession sans avoir de pénalités à payer autres que les intérêts de retard au taux légal.

Quels sont les délais de paiement des droits en cas de transmission d'entreprise ?

Ce dispositif s'applique aux transmissions à titre gratuit (successions et donations) portant sur une entreprise individuelle ou sur les titres d'une société non cotée. L'activité peut être industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale.

Le paiement peut être différé pendant cinq ans, pendant lesquels le contribuable ne paie, chaque année, que les intérêts au taux prévu par la loi. A l'issue de cette période, le contribuable peut payer les droits en vingt semestrialités, toujours assorties d'un intérêt. Deux conditions sont exigées.

1a. S'il s'agit d'une entreprise individuelle, la transmission doit porter sur l'ensemble des biens meubles et immeubles, corporels ou incorporels affectés à l'exploitation et l'entreprise doit avoir été exploitée par le donateur ou le défunt au moment de la transmission.

Si l'entreprise appartient à une copropriété entre deux époux ou à la communauté conjugale, la transmission ne peut porter que sur la moitié du bien.

1b. S'il s'agit d'une société, le bénéficiaire du paiement fractionné et différé doit recueillir au moins 5% du capital.

2. Le bénéficiaire du paiement fractionné et différé doit conserver au moins les deux tiers des biens transmis pendant toute la durée du délai accordé. Toute cession de plus du tiers entraîne l'exigibilité des droits en suspens.

La valeur des biens est appréciée au jour de la cession. L'apport pur et simple à une société des biens concernés n'entraîne pas l'exigibilité des droits quand le bénéficiaire prend l'engagement de conserver les titres reçus jusqu'à la fin du délai de paiement.

Le taux d'intérêt est réduit des deux tiers dans deux cas :

  • quand chaque bénéficiaire reçoit plus de 10% de la valeur de l'entreprise,
  • quand plus du tiers du capital social est transmis.
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