Logement familial et divorce : attribution, loi et indemnité

"Logement familial et divorce : attribution, loi et indemnité"

En cas de divorce, qui garde le logement familial et sous quelles conditions. Ce que disent la loi et le Code civil sur l'attribution préférentielle du logement, l'indemnité d'occupation ou l'occupation à titre gratuit ou non pendant et après le divorce.

Qui occupe le logement pendant la procédure de divorce ?

Les règles applicables à l'attribution du logement pendant la procédure de divorce sont fixées par le juge aux affaires familiales pendant l'audience de tentative de conciliation. Ce sont des mesures provisoires en attente du jugement de divorce définitif. Si les époux décident de vivre séparément pendant la durée de la procédure de divorce, c'est au juge qu'il appartient de statuer sur les modalités de résidence séparées des conjoints ainsi que sur l'éventuelle attribution à l'un d'entre eux de la jouissance du logement et du mobilier. Les époux peuvent toutefois s'accorder sur les conditions de résidence de chacun d'entre-eux. Ils peuvent alors formaliser cet accord par le biais d'une lettre de départ du domicile conjugal.

Qui reste locataire du logement loué pendant le divorce ?

En cas de divorce, que devient le logement familial quand il est pris en location par les conjoints ? Le Code civil prévoit des règles sur ce point. Quand le juge décide d'attribuer le logement à l'un des deux conjoints, il précise les modalités de prise en charge du loyer. Dans la plupart des cas, le juge décidera que la prise en charge du loyer incombera à l'époux qui occupe le logement. Mais ce n'est pas systématique.

Qui doit payer le loyer pendant le divorce ?

Dans tous les cas, les règles décidées par le JAF ne sont pas opposables au propriétaire du logement et n'ont d'effet qu'entre époux. Tant que le jugement de divorce n'est pas prononcé et retranscrit sur les registres d'état civil, les époux restent soumis aux règles de l'article 1751 du Code civil qui prévoit que le bail est réputé appartenir à l'un et à l'autre des époux. Par conséquent, les époux sont solidairement responsables du paiement des loyers et des charges de la location vis-à-vis du propriétaire.

La loi Elan a toutefois prévu une exception à ce principe dès lors que le départ de l'un des époux est lié aux violences exercées par l'autre membre du couple à son encontre ou à celle d'un enfant vivant dans le logement. Dans cette situation, l'époux qui quitte le domicile n'est plus solidairement tenu au paiement du loyer. Pour ce faire, il doit adresser au bailleur un recommandé avec demande d'avis de réception dans laquelle il joint une copie soit de l'ordonnance de protection rendue par le JAF, soit d'un jugement de condamnation pénale de l'autre époux pour les violences commises.

Le conjoint en instance de divorce peut-il résilier le bail ?

L'obligation de paiement solidaire des loyers et des charges reste applicable même lorsqu'un des époux a quitté le logement (et même en cas de respect de l'obligation de préavis de sa part). Ce sont les deux époux, et non un seul d'entre-eux, qui doivent résilier le bail pour ne plus avoir à payer les loyers et les charges.

Le bail ne peut ainsi être résilié qu'en cas d'accord commun entre les deux époux. Un seul d'entre eux ne peut donc pas prendre la décision de résilier unilatéralement le bail. Dans le cas contraire, l'autre époux peut demander une annulation de la résiliation. La loi (article 215 du Code civil) prévoit que cette action en nullité lui est ouverte dans l'année à partir du jour où il a eu connaissance de l'acte.

Que devient le contrat de location après le divorce ?

Si les deux ex-époux vivent toujours dans le même logement au moment du prononcé du divorce, les juges ont la possibilité (article 1751 du Code civil) d'attribuer le droit au bail à un seul des époux, et ce « en considération des intérêts sociaux et familiaux en cause » (garde des enfants par exemple). L'autre époux peut alors éventuellement prétendre à une indemnité.

Quand faut-il verser une indemnité d'occupation du logement familial ?

Si l'appartement ou la maison appartient aux deux époux, le juge attribuera le plus souvent la jouissance du logement à l'un d'entre eux. Cette décision aura des conséquences pour l'autre conjoint puisque ce dernier devra déménager pour se reloger. Tout en occupant son nouveau logement, il restera propriétaire du domicile familial et ce jusqu'à la liquidation du régime matrimonial. Il se trouvera donc désavantagé. C'est pour cette raison que le juge peut décider de lui accorder en contrepartie une indemnité d'occupation versée par le conjoint demeurant dans le logement, cette indemnité n'étant toutefois pas systématique.

Le montant de l'indemnité d'occupation n'équivaut pas obligatoirement au montant d'un loyer. Ce calcul suit ses propres critères d'évaluation, liés notamment à la situation respective des époux. Les époux peuvent fixer le montant de l'indemnité d'occupation au cours de l'audience de conciliation. Dans ce cas, le juge constate l'accord portant sur la fixation de ce montant.

Si les conjoints sont en désaccord sur le montant à verser, il appartiendra au juge de décider si la jouissance du domicile familial est accordée à titre gratuit ou à titre onéreux. Le paiement de l'éventuelle indemnité d'occupation ne se fera alors qu'au moment de la liquidation du régime matrimonial. Son montant sera fixé par le notaire lors de l'établissement des comptes. Il s'imputera sur le montant du prix de vente de l'immeuble ou sur le montant de la part de l'époux qui occupe le logement.

Occupation du logement familial à titre gratuit

La jouissance du logement familial peut donc être accordée à titre onéreux, via le paiement d'une indemnité d'occupation au conjoint qui quitte le domicile. Mais une occupation à titre gratuit peut tout à fait être décidée. Dans ce cas, l'époux qui se maintient dans le logement pendant la procédure n'a pas à payer d'indemnité d'occupation. Cette décision dépend avant tout de la situation respective des époux. Si l'un des conjoints se trouve en difficultés financières, le juge pourra y remédier en lui accordant la jouissance du domicile familial à titre gratuit. Cette décision sera motivée par le devoir de secours entre époux, prévu l'article 212 du Code civil, et qui reste toujours applicable même si la procédure de divorce est entamée. L'occupation à titre gratuit prendra fin lorsque le jugement de divorce devient définitif.

Cette occupation gratuite est assimilée à un avantage en nature et traitée fiscalement et civilement comme le versement d'une pension alimentaire. L'occupant doit déclarer cet avantage selon la valeur locative du logement, au prorata de la quote-part de son ex-conjoint. Et ce dernier peut le déduire de son revenu imposable.

Logement familial au nom deux deux époux

Lorsque le logement a été acheté conjointement par les deux époux, plusieurs situations doivent être envisagées selon que les ex-conjoints souhaitent vendre ou conserver le logement familial. En cas de litige entre eux, il appartiendra au juge de trancher.

  • Les anciens époux peuvent tous les deux décider de quitter le logement et de vendre ce dernier. Cette décision nécessite l'accord commun des deux ex-conjoints. L'argent provenant du prix de vente de la maison ou de l'appartement sera alors partagée au prorata de la part du logement détenue par chacun des époux.
  • L'un des anciens conjoints, généralement celui qui conserve la garde des enfants, peut aussi vouloir rester dans le logement. En cas de départ de l'autre époux (situation la plus fréquente en pratique), ce dernier peut alors, au choix :
    • vendre sa part au conjoint restant dans le logement
    • bénéficier du versement d'une soulte en contrepartie de la conservation du logement par l'autre époux. A noter que cette somme peut éventuellement compenser en tout ou partie le versement d'une prestation compensatoire.
  • Les anciens époux peuvent également s'arranger pour que le bien soit maintenu en indivision. Dans ce cas, ils doivent conclure une convention d'indivision.

Logement familial au nom d'un seul conjoint

Si l'appartement ou la maison n'appartient qu'à un seul des deux ex-conjoints, l'époux qui n'est pas propriétaire se retrouve dans une situation plus complexe. Toutefois, il ne perd pas tous ses droits concernant le logement familial. Ainsi, avant le jugement de divorce, l'époux propriétaire du logement ne peut pas décider de le vendre sans l'accord du conjoint.

En théorie, après la prononciation du jugement de divorce, l'ex-conjoint non-propriétaire doit quitter le logement. Cependant, le juge peut toujours prendre en compte l'intérêt des enfants pour décider que l'ex époux non-propriétaire et exerçant seul ou en commun l'autorité parentale sur au moins un des enfants louera désormais le logement qu'il occupait jusqu'alors.

Attribution préférentielle

En principe, l'époux qui a continué d'occuper le logement familial bénéficie d'une attribution préférentielle, et ce que le logement soit acheté ou loué. En principe, c'est donc l'époux qui a continué à vivre dans le logement familial qui garde la maison ou l'appartement après le divorce. Mais des exceptions à cette règle existent. C'est notamment le cas lorsque l'époux qui a dû quitter le logement a été victime de violences conjugales. La loi n° 2020-936 du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales prévoit que, dans cette situation, le logement familial est attribué à l'époux qui n'est pas l'auteur des violences et ce même s'il a bénéficié d'un hébergement d'urgence. Au tribunal, le juge devra ainsi s'interroger sur le motif du déménagement de l'époux ayant quitté le logement.

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